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Indignation collective après les révélations sur l'esclavage en Libye

Publié le : 01/12/2017

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Par France terre d'asile, le 01/12/2017,
 

La diffusion d’un reportage sur la chaîne CNN révélant l’existence de ventes aux enchères de migrants dans les camps tenus par les passeurs en Libye, a suscité une série de réactions. Des organisations ont particulièrement pointé du doigt l’Union européenne, jugeant qu’elle portait une responsabilité dans la dégradation de la situation pour les migrants en Libye.

Le Haut commissaire aux droits de l’Homme de l’Organisation des Nations-Unies (ONU), Zeid Ra’ad Al-Hussein, a ainsi dénoncé une coopération « inhumaine » de l’Union européenne avec la Libye visant à stopper les migrants en mer et à empêcher leur arrivée en Europe, à travers l’aide financière et matérielle fournie aux gardes côtes libyens. Cela aurait conduit à une forte augmentation du nombre de migrants détenus en Libye, passant de 7 000 à 19 000 entre septembre et novembre 2017. Selon lui, la proposition européenne d’améliorer les conditions de vie dans les centres de détention libyens pour qu’ils soient conformes aux standards internationaux n’est pas une solution satisfaisante. Les associations, comme Médecins sans frontières, fustigent également l’Union européenne, rappelant qu’elle était alertée depuis des mois sur les abus commis contre les migrants en Libye, et notamment sur l’existence du travail forcé et de marchés d’esclaves.

L’ONU et l’Union africaine (UA)  ont insisté sur la nécessité de faire cesser cet « outrage à la conscience de l’humanité », ainsi que d’arrêter et de juger les coupables. Le vice président du gouvernement libyen a annoncé la création d’une commission d’enquête sur ce crime tandis que le président nigérien a appelé la Cour pénale internationale à se saisir de cette question. Le président français, qualifiant la situation de « crime contre l’humanité » entend également soumettre la situation au Conseil de sécurité.

Dans ce contexte, plusieurs initiatives ont été envisagées afin de protéger les migrants confrontés à l’horreur en Libye. La Côte d’Ivoire a ainsi organisé le retour d’une centaine de ses ressortissants depuis le Libye dans le cadre d’un programme de réintégration tandis que le Rwanda propose d’accueillir 30 000 migrants coincés en Libye. De plus, le HCR a effectué une première évacuation de migrants particulièrement vulnérables et en besoin manifeste de protection depuis la Libye vers le Niger. Ceux-ci ont ensuite vu leurs dossiers examinés par l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) et un groupe de 25 réfugiés a été sélectionné en vue d’une réinstallation en France.

Lors du cinquième sommet entre l’Union européenne et l’Union africaine qui s’est tenu les 29 et 30 novembre à Abidjan, la situation en Libye a été longuement abordée et les États ont réaffirmé leur volonté d’endiguer le fléau de l’esclavage dans la région et de s’attaquer aux sources premières du problème migratoire. Lors d’une « réunion d’urgence » en parallèle du sommet, à l’initiative d’Emmanuel Macron, les Nations unies, l’UA, l’UE ainsi que 9 pays (France, Allemagne, Italie, Espagne, Tchad, Niger, Libye, Congo et Maroc) se sont engagés à mener une opération d’évacuation d’urgence dans les jours à venir. Pour répondre à la demande du Président français de lancer « une initiative concrète et militaire » en Libye contre les réseaux de passeurs, il a été décidé qu’une force opérationnelle commune entre les Nations Unies, l’UA et l’UE serait établie et travaillerait en coopération avec les autorités libyennes.

 

Article extrait de la Veille Europe du 16 au 30 novenmbre 2017.