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Les migrants à Paris "vivent dans une situation absolument abominable", dénonce l'association France terre d’asile

Publié le : 14/05/2018

FranceInfo

 

Alors que la maire de Paris évoque un contexte de "chaos" et de "risque de catastrophe", Pierre Henry, directeur général de France terre d'asile, appelle "l'État et la Ville de Paris à se mettre autour d'une table avec les acteurs qui interviennent au quotidien sur ces dossiers".

 

Deux hommes migrants sont morts noyés en moins d’une semaine dans le nord de Paris, à proximité de campements de fortune. Pierre Henry, directeur général France terre d’asile a dénoncé samedi 12 mai sur franceinfo la situation des migrants à Paris qui "vivent dans une situation absolument abominable". La maire de Paris Anne Hidalgo demande à l'État d'intervenir rapidement, évoquant dans un courrier adressé à Édouard Philippe un contexte de "chaos" et de "risque de catastrophe". C'est près de 2 400 migrants, selon Anne Hidalgo, qui survivent dans la capitale dont plus de la moitié se trouvent Porte de la Villette.

 

franceinfo : Reprenez-vous à votre compte le mot de "chaos" utilisé par la maire de Paris ?

Oui, c'est un mot que je reprends mais quand 1 600 personnes vivent dans une situation de promiscuité totale, sur 400 m2 avec un seul point d'eau et trois latrines, évidemment, cela ressemble fort à un chaos. C'est une situation totalement indigne. Il y a trois campements dans la capitale : un porte de la Villette, un autre du côté des rives du canal Saint-Martin et un troisième sur un nœud autoroutier. Toutes ces personnes vivent dans une situation absolument abominable. Cela fait 10 semaines que cela dure.

 

Les associations évoquent des problèmes de sécurité. Ont-elles demandé plus de forces de police près de ces campements ?

Il y a de plus en plus de tensions sur ces camps. C'est logique. Chaque cm2 devient un objet de conquête pour les personnes qui vivent là en situation de survie. L'inaction des pouvoirs publics et leur refus de procéder à une mise à l'abri mettent tout le monde en danger, et en premier lieu, d'abord les migrants. Il y a eu deux morts la semaine dernière par noyade (...) Vous avez des rixes qui dans une telle situation ne peuvent que survenir.

 

Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb parle de mesures d'expulsions mais pas de mises à l'abri. Pourtant, il y a eu une trentaine de prises en charge depuis 2015. Sont-elles efficaces ?

Il y en a eu 36 entre 2015 et 2017. Ces opérations résolvent un problème de dignité. Ces gens qui sont là viennent d'Erythrée, du Soudan, d'Afghanistan, et ils ont comme nous tous un besoin de dignité. Évidemment, la mise à l'abri ne va pas résoudre le problème du règlement de Dublin qui fait que des dizaines de milliers de personnes sont en errance sur le territoire européen parce qu'il y a une crise de défiance entre les différents États et la solidarité n'est pas au rendez-vous.

 

Qu'attendez-vous des pouvoirs publics ?

J'appelle l'État et la Ville de Paris à se mettre autour d'une table avec les acteurs qui interviennent au quotidien sur ces dossiers. Ce que nous avons fait depuis 20 ans n'a pas si mal marché que cela. On prend souvent exemple sur l'Allemagne. Au plus fort de la crise migratoire, l'Allemagne a accueilli 1,2 million de personnes. Personne n'est resté à la rue. En même temps, en France nous avons accueilli 160 000 personnes et nous avons des campements de rue. Pourquoi ? Parce que nous ne voulons pas, nous n'avons pas la programmation suffisante et je pense que ces images alimentent le populisme et le rejet des migrants dans l'opinion publique.

 

Franceinfo, le 12/05/2018