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cp/Journée mondiale du réfugié : la gifle!

Dans une lettre en date du 15 juin 2011, par l’intermédiaire de son chef de cabinet, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant ferme la porte à toute réinstallation de réfugiés en provenance de Libye, « compte tenu de la crise actuelle de notre dispositif d’asile, et notamment de la saturation de nos capacités d’accueil », tout comme à l’application de la directive de protection temporaire, car pour l’instant l’Union européenne n’a  « pas estimé que les conditions d’application de cette directive étaient réunies, position partagée pleinement par le ministre ».

Cette position nous semble totalement contraire aux intérêts de la France et de l’Europe, et fait l’effet d’un véritable camouflet, à l’occasion de la Journée mondiale du réfugié et du 60e anniversaire de la Convention de Genève.

A la veille du Conseil européen des 23 et 24 juin, nous avons adressé, avec le Conseil européen pour les réfugiés et les exilés ainsi que 7 autres organisations non gouvernementales*, un courrier aux chefs d’Etat et de gouvernement européens, les enjoignant à faire preuve de solidarité envers les pays d’Afrique du Nord, et envers les personnes nécessitant une protection internationale.

La crise humanitaire en Libye s’aggrave de jour en jour, et son impact sur les pays voisins s’étend. Près d’un million de personnes ont fui le pays depuis le mois de février, se réfugiant en Tunisie, en Egypte et dans certains pays voisins ; par ailleurs, plusieurs milliers de personnes ont été déplacées à l’intérieur de la Libye. La réponse européenne à cette situation politique et à celle des réfugiés fuyant la région est, jusqu’ici, plus que décevante (seules 700 places de réinstallation ont été offertes à ce jour).

Les organisations européennes de protection des réfugiés et des demandeurs d’asile continuent à en appeler à l’Union européenne et à ses Etats membres afin qu’ils :

- Offrent un nombre significatif de places de réinstallation aux réfugiés les plus vulnérables qui fuient la Libye ;
- Continuent d’assurer l’accès à leur territoire et à une procédure d’asile équitable aux personnes arrivant sur le sol européen ;
- Fassent preuve de responsabilité et d’une réelle solidarité, en venant en aide aux pays européens particulièrement touchés par l’arrivée de migrants et de réfugiés ;
- Aident les pays nord africains, notamment l’Egypte et la Tunisie, à construire leurs systèmes d’asile et à assurer la protection de ceux qui en ont besoin.


Nous n’avons pas beaucoup de raisons de nous réjouir aujourd’hui. Il est peu probable que le Conseil européen des 23 et 24 juin apporte une réponse politique forte à la crise humanitaire nord africaine, dans un esprit de solidarité avec les pays de la région, et en vue d’honorer ensemble nos obligations internationales en matière de droits de l’homme et de droits des réfugiés.

* Caritas Europe, Commission internationale catholique pour les migrations, International Rescue Committee, Conseil international de réhabilitation pour les victimes de torture, Service jésuite des réfugiés, Save the Children, Solidar.

Paris, cp/ France terre d'asile, le 20/06/2011