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La scolarisation des jeunes réfugiés ou le droit d’apprendre

Publié le : 24/11/2016

la voix du nord

 

Les élèves de sixième Pogba du collège de la Morinie se sont mis dans la peau de journalistes pour aller à la rencontre de résidents de la Maison du jeune réfugié, basée à Saint-Omer. Ils les ont interrogés sur leur adaptation en France, sur leur parcours scolaire et sur leurs souhaits d’avenir.

 

Au 8, rue des Bleuets, à Saint-Omer, se trouve une maison pas comme les autres, une maison où les mots «  fraternité  » et «  solidarité  » semblent avoir servi de ciment pour offrir un toit à des adolescents venus d’horizons lointains : c’est la Maison du jeune réfugié (MJR) de France terre d’asile (FTDA).
«  Elle existe depuis septembre 2012 et accueille pas moins de trente-huit mineurs “stabilisés” dans onze studios et offre également quarante-cinq places de mise à l’abri d’urgence  », explique la chef de service, Mathilde Moutiez. À l’intérieur sont accrochés des tableaux colorés, où sont peints les mots «  liberté  » et «  égalité  », mais surtout y résonnent des accents très variés : tchadiens, guinéens, ivoiriens, congolais, érythréens, pakistanais…


« Changer de vie »

Celui d’Ali est égyptien. Du haut de ses 17 ans, il avoue avoir quitté son pays et sa famille il y a un an et demi pour «  changer de vie  ». Rencontré lors des maraudes de FTDA à Calais, il a été informé des structures d’hébergement existantes et a formulé le souhait d’être stabilisé en France. Il étudie aujourd’hui la cuisine dans un lycée audomarois. Il parle et comprend la langue française même s’il la qualifie de «  difficile  ».

Cette maîtrise, il l’a acquise grâce à ses éducateurs polyglottes, aux cours de soutien dispensés par des bénévoles mais surtout à l’école. «  Quand ils arrivent à la MJR, ils apprennent le français et passent les tests du CASNAV (centre académique pour la scolarisation des nouveaux arrivants) pour évaluer leur niveau scolaire avant de rejoindre le collège ou le lycée conseillé par le centre d’information et d’orientation. »

« En Égypte, on reçoit des coups de règle sur la main si on ne fait pas bien les choses. »

Ali s’est bien intégré à l’établissement. Pour lui, les cours sont presque «  faciles  », surtout les mathématiques. Et les professeurs sont moins sévères : «  En Égypte, on reçoit des coups de règle sur la main si on ne fait pas bien les choses.  » L’emploi du temps est différent aussi, «  on avait cours de 7 h à 13 h seulement car l’après-midi, il fallait aider les parents  ».


Travailler en France

Le parcours d’Alam est différent. Il a fui l’Afghanistan en guerre à 15 ans car sa vie était en danger. Il n’était jamais allé à l’école, très éloignée de sa maison, parce qu’il devait aider son père agriculteur. Alam est aujourd’hui scolarisé en 3e dans un collège de Saint-Omer et vit dans un studio avec Ali et deux autres camarades étrangers.

Des règles strictes régissent leur vie semi-autonome. Ils gèrent ménage, budget courses, cuisine, encadrés par leurs éducateurs. Les mercredis, et week-ends, ils partagent leur temps entre leurs devoirs, les activités de la MJR et le sport comme tous les adolescents de leur âge.

Ali rêve de travailler un jour en France, Alam souhaiterait devenir mécanicien. «  Nous élaborons ensemble un projet de vie, précise Mathilde Moutiez, et même s’ils sortent de la structure à leur majorité, nous continuons à les conseiller et les accompagnons dans leurs démarches. » En attendant, ils ont déjà pu réaliser un souhait : celui d’aller à l’école et d’apprendre dans un pays libre.

 

 

La Voix du Nord, le 23/11/2016