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Les migrants «de retour à Calais» ? On démêle le vrai du faux

Publié le : 02/02/2017

lavoixdunord

Depuis le démantèlement de la « jungle » fin octobre, beaucoup de choses se disent sur la question des migrants à Calais : qu’ils sont de retour dans la ville, qu’ils se sont installés dans la forêt de Guînes... Rumeurs ou réalité ? Nous avons tenté d’y voir plus clair.

 

La Voix du nord

Depuis le démantèlement de la «jungle» fin octobre, beaucoup de choses se disent sur la question des migrants à Calais.
PHOTO JEAN-PIERRE BRUNET - LA VOIX DU NORD


Les migrants sont de retour

VRAI MAIS... Les semaines qui ont suivi le démantèlement de la «jungle» ont été marquées par une quasi-absence des migrants dans la ville. Mais depuis décembre, ils sont de nouveau visibles. Les associations d’aide aux migrants calaisiennes estiment qu’ils seraient entre 250 et 450 actuellement dans le Calaisis. «  Une centaine, venant essentiellement des camps de Norrent-Fontes et de Grande-Synthe  », pour la préfecture du Pas-de-Calais. On est encore loin des 6 000 à 8 000 réfugiés présents dans la « jungle » il y a quatre mois... La préfète du Pas-de-Calais refuse de parler de «  retour  » des migrants, mais reconnaît que le flux migratoire à Calais ne s’est «  pas arrêté  » après le démantèlement de la « jungle ».


Il y a des squats dans Calais

FAUX. Ou alors ils sont discrets et pas encore connus. En revanche, des rumeurs ont circulé depuis le démantèlement de la « jungle », en particulier sur la présence de migrants dans la forêt de Guînes, dans l’arrière-pays calaisien... Rumeur tellement persistante que, mi-décembre, les gendarmes ont ratissé tout le bois sous les yeux des journalistes, histoire de la faire taire définitivement.

Pour rappel, l’objectif « zéro squat dans le Calaisis » a été fixé dès le démantèlement en octobre. Il est aujourd’hui encore à l’ordre du jour. À Calais, la police inspecte régulièrement une cinquantaine de lieux sensibles considérés comme des squats potentiels.


Il n’y a quasiment plus de tentatives d’intrusion

VRAI.
Les tentatives d’intrusion au port et au Tunnel sont devenues quasi insignifiantes. « Depuis le démantèlement, on a deux ou trois tentatives par semaine maximum, confiait il y a quelques jours un opérateur d’Eurotunnel. Alors qu’avant, c’était de l’ordre de 1000 intrusions en 24h! »

Disparus aussi, les barrages sur l’A16 ou la rocade portuaire, qu’utilisaient les migrants pour monter dans les camions en partance pour l’Angleterre. En revanche, les polices aux frontières française et britannique découvrent encore des migrants cachés dans des camions.

Pour la première fois depuis le démantèlement, un migrant est mort écrasé sur l’A16 le 21 janvier.


Les migrants de retour sont surtout des mineurs

VRAI.
Policiers et associatifs s’accordent là-dessus: les migrants que l’on revoit à Calais sont en grande partie des mineurs –ou se déclarant comme tels, le plus souvent érythréens. D’après Pierre Henry, directeur général de France terre d’asile, « la plupart d’entre eux sont des primo-arrivants ». Il n’est pas rare d’ailleurs d’en croiser qui cherchent la «jungle» sans savoir qu’elle n’existe plus. Mais on rencontre aussi des mineurs « qui ont décidé de revenir à Calais (pour tenter le passage clandestin en Angleterre) quand ils ont appris que les Britanniques leur refusaient l’asile », soulignait fin décembre le procureur de Boulogne-sur-Mer.

Fin 2016, de nombreux migrants mineurs hébergés en centres de répit ont été déboutés de leur demande d’asile en Angleterre.


Les riverains sont de nouveau embêtés

VRAI ET FAUX. C’est vrai pour un couple de Calaisiens dont la propriété est située au pied de la rocade portuaire de Calais : depuis fin décembre, des migrants sont de retour dans leur pâture (du temps de la «jungle», celle-ci servait de lieu de rassemblement pour les réfugiés qui y découpaient leurs arbres et posaient des barrages sur la rocade). Cette fois, il n’est plus question de couper des arbres et de poser des barrages : les migrants viennent avant tout pour se trouver un abri dans l’ancien box des chevaux, aujourd’hui vide, et pour dormir.

D’après la préfète du Pas-de-Calais, ce couple de riverains serait le «seul cas» signalé jusqu’ici : il est d’ailleurs en contact quotidien avec la police. Depuis fin octobre, aucun autre riverain ne s’est plaint de la présence de migrants dans sa propriété.


Les migrants sont encore accueillis et pris en charge

FAUX.
Vide, le site de l’ex-«jungle» est interdit au public depuis mi-janvier (notre photo)... et les migrants n’ont désormais plus aucun point de chute à Calais. « Ils bougent la nuit et essaient de dormir le jour, selon François Guennoc, de l’association l’Auberge des migrants. Certains ont faim, sont malades ou ne se sont pas lavés depuis des semaines. C’est une catastrophe. »

Il y a quelques jours, des militants calaisiens appelaient les citoyens à accueillir des réfugiés chez eux, ou à participer à des maraudes. Lundi, l’État a fait savoir aux associations qu’il n’y aurait pas d’accueil minimal d’urgence à Calais, contrairement à ce qu’avaient préconisé deux experts qu’il avait missionnés sur le sujet. Le bureau qui traitait les demandes d’asile à la sous-préfecture de Calais depuis 2009 a d’ailleurs fermé ses portes... Avec les migrants, c’est la procédure de droit commun qui s’applique depuis fin octobre : s’ils sont en situation irrégulière, ils sont interpellés et placés en rétention.

 

La Voix du Nord, 02/02/2017