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Migrants: le rêve britannique toujours en suspens pour les mineurs de Calais

Publié le : 23/11/2016

france3


Ils rêvaient de Grande-Bretagne: les mineurs de la "Jungle" de Calais, envoyés dans des centres d'hébergement pour jeunes migrants avec la promesse d'un examen rapide de leur dossier, attendent l'issue des négociations menées avec des Britanniques qui semblent durcir le ton.

lexpress

Lors de l'évacuation des migrants de la "Jungle", un mineur encore sur place le 31 octobre 2016
afp.com/PHILIPPE HUGUEN

 

Lors du démantèlement du bidonville fin octobre, un peu plus de 1.900 mineurs ont été envoyés vers des centres d'accueil et d'orientation ou "Caomi", où ils ont déposé une demande de transfert vers la Grande-Bretagne. 

Celle-ci s'est en effet engagée à accueillir "tous les mineurs isolés présents à Calais dont les attaches familiales sont établies" et à "étudier" les dossiers de ceux "dont l'intérêt supérieur serait de rejoindre ce pays", selon le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. 

Au total, un peu plus de 300 jeunes ont pu traverser la Manche depuis mi-octobre. Mais le curseur a peu bougé après le démantèlement. 

"Les visites des officiers du Home Office", l'Intérieur britannique, "se poursuivent de façon soutenue dans les Caomi" et "nous sommes en attente des réponses", assure-t-on au ministère français, ajoutant que les Britanniques "se sont engagés à terminer les auditions dans quelques jours", puis l'instruction des dossiers "rapidement". 

Durcissement des conditions

Mais Londres a fixé, mi-novembre, des critères plutôt restrictifs : avoir 12 ans ou moins, ou être exposé à un risque élevé d'exploitation sexuelle, ou bien avoir 15 ans ou moins pour les Syriens ou Soudanais, ou encore avoir moins de 18 ans et accompagner un frère ou une soeur remplissant l'un des trois premiers critères. 

Ultime condition, être arrivé en Europe avant le 20 mars et sur la "Jungle" au plus tard le 24 octobre, date de début du démantèlement. 

Posture de négociation à l'heure du Brexit ou porte en train de se fermer ? "Ils reviennent sur leur promesse", pour "trouver une manière de n'accueillir qu'une poignée d'enfants", a estimé le membre travailliste de la Chambre des Lords Alf Dubs, à l'origine d'un amendement réclamant l'accueil d'enfants réfugiés

Côté français, on note aussi un "durcissement des conditions": une "mauvaise nouvelle" qu'on "peut regretter", estime une source proche du dossier. "Il y a une énorme responsabilité des Britanniques", soupire Pierre Henry, directeur général de l'association France terre d'asile. 

A Beauvau, on souligne que les attentes "restent élevées" tout en disant avoir "bon espoir" que "plusieurs centaines de mineurs pourront rejoindre" ceux qui sont déjà partis. 

Combien passeront ? "Encore 300 environ", estime-t-on de source proche du dossier. Londres se serait en effet engagé à prendre "600 mineurs" en tout, ajoute une autre source. "Il peut en rester un millier" en France in fine, selon une troisième. 

 

Risque de retour vers Calais

Toute la question est de savoir ce qu'il adviendra des recalés du rêve britannique. 

"Il y a un risque qu'ils reviennent vers Calais ou Paris", redoute Christian Salomé, de l'Auberge des migrants, avec "davantage de prise de risques, ou plus de recours aux passeurs" pour gagner le Royaume-Uni. En effet les mineurs ayant accepté l'option Caomi "ont pris ça pour la certitude qu'ils passeraient" côté britannique, ajoute-t-il.  

C'était le rêve de 95% des mineurs installés sur la "Jungle" avant le démantèlement, selon un recensement de France terre d'asile. Et sans doute aussi celui des jeunes arrivés ensuite, mineurs ou non, et pris en charge dans ce dispositif fonctionnant sur une base déclarative. La décision pourrait tomber rapidement: une circulaire du ministre de la Justice début novembre tablait sur un traitement des dossiers en "trois à six semaines"

Il faudra ensuite résorber ce dispositif dérogatoire. 

Les jeunes refusés par la Grande-Bretagne seront alors soumis à une évaluation de leur âge et de leur isolement, et transférés à l'aide sociale à l'enfance, qui dépend des départements.  

Une prise en charge qui a un coût, évalué par certains départements autour de 50.000 euros par an. Pour faire avaler la pilule, l'État a d'ores et déjà assuré qu'il mettrait la main à la poche. 

 

France 3 Nord-Pas-de-Calais, le 22/11/2016