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Évacuation du camp informel d’Idomeni à la frontière gréco-macédonienne

Publié le : 24/05/2016

Les autorités grecques ont commencé, tôt mardi 24 mai, à évacuer le camp improvisé d’Idomeni, situé dans le nord du pays, à la frontière avec la Macédoine, où 8 400 migrants sont piégés depuis la fermeture de l’ancienne « route des Balkans », cette voie que des centaines de milliers de personnes ont emprunté l’année dernière pour trouver refuge en Europe.

 

4925167 6 061f plusieurs centaines de migrants sont evacues c7119c01573f81d0d63c34489fc296dePlusieurs centaines de migrants sont évacués par car. Boris Grdanoski / AP

 

Environ 700 policiers assistés par un hélicoptère ont été mobilisés pour l’opération. Les contrôles routiers aux abords du camp ont aussi été renforcés, et des groupes de nouveaux arrivants refoulés.

Plus de deux heures après le lancement de l’opération, « 609 migrants avaient quitté les lieux » à bord de cars à destination de centres d’accueil près de Thessalonique, la métropole proche du nord de la Grèce, a indiqué un communiqué de la police locale. Les policiers passaient de tente en tente, incitant les réfugiés et migrants, dont de nombreuses familles avec enfants, à en sortir et à monter à bord des bus, selon une source policière.


Une évacuation dans le calme

Selon Giorgos Kyritsis, porte-parole du service de coordination de la crise migratoire, l’évacuation, qui se déroulerait « lentement » et « dans le calme », ne nécessite pas « de faire usage de la force ». Selon M. Kyritsis, elle a été rendue possible par la création à marche forcée ces derniers jours de plus de 6 000 places dans des centres d’accueil du nord du pays – sept anciennes usines aménagées et deux camps de tentes –, et elle pourrait durer une dizaine de jours.

« Tout est très calme, la situation est tranquille et l’opération très bien organisée, sans tensions », a confirmé à l’AFP une représentante restée dans le camp de l’ONG Médecins sans frontières, Vicky Markolefa. « Les policiers informent les gens qu’un transfert est en cours, et les hauts parleurs du camp diffusent le même message en arabe et anglais », a-t-elle ajouté. Elle s’est toutefois déclarée préoccupée par le fait que « les gens ne sont peut être pas bien informés de leurs destinations ». « Notre autre problème est qu’il va être difficile d’assurer la distribution de nourriture » avec le peu de personnel humanitaire autorisé à rester dans le camp par la police, a-t-elle ajouté. Les premières images d’ERT1 montraient aussi une situation calme, avec des enfants attendant tranquillement devant des tentes, entourés de nombreux policiers.

 

Les journalistes tenus à l’écart

Des propos toutefois difficiles à confirmer puisque les journalistes ont été tenus à l’écart de la zone d’intervention, la police leur barrant la route à 3 kilomètres des lieux. Le gouvernement hellène et la police ont déclaré que les migrants seront déplacés progressivement et relogés dans des structures adaptées. Les autorités semblent surtout compter sur la lassitude des réfugiés face à l’absence de toute perspective de réouverture des frontières européennes et aux conditions sordides du camp d’Idomeni. Plus de 2 500 personnes ont ainsi déjà accepté de partir depuis quinze jours, selon une source policière.

Les organisations humanitaires dénoncent depuis plusieurs mois les conditions de vie indignes des populations bloquées, menaçant leur santé et leur sécurité. Le gouvernement grec s’est déjà engagé à plusieurs reprises ces derniers mois à vider Idomeni, dans un contexte de grogne croissante des agriculteurs de la région, de tensions avec la Macédoine voisine sur le contrôle des passages, et d’incidents répétés entre exilés et avec la police.
En avril, après une tentative de passage en force, quelque 260 réfugiés avaient ainsi dû être soignés, victimes de l’usage massif de gaz lacrymogènes et de tirs de balles en caoutchouc par la police macédonienne.

 

Retard de l’Europe

Le retard pris par l’Union européenne à répartir entre les autres pays membres les 60 000 réfugiés censés être relocalisés sous deux ans depuis la Grèce a aussi contribué à envenimer l’abcès. D’autant qu’aux côtés des Syriens et Irakiens éligibles à cette procédure, de nombreuses autres nationalités se pressent dans le camp, que ce soit des Maghrébins peu pressés de partir car voués à l’expulsion ou des Afghans et Iraniens, auxquels n’est offerte que la procédure classique d’asile.

Athènes doit en outre gérer un autre casse-tête, celui de l’entassement sur les îles de 8 500 migrants, qui peuvent en principe être renvoyés en Turquie dans le cadre de l’accord UE-Ankara. Censé tarir les arrivées migratoires via l’Égée, ce pacte tarde à se concrétiser, la plupart des intéressés ayant demandé l’asile en Grèce pour gagner du temps, débordant les services du pays.

 

Le 24/05/2016, Le Monde