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Ces Montalbanais qui disent «ma ville» sans y être nés

Publié le : 26/11/2014

 

la-depeche

 

amine-montaubanAmine : «J'aime ma ville...»./ DDM

 

Ce n'est pas nouveau, Brigitte Barèges a le sens des formules choc, la dernière portant sur les «montalbanais de souche»... Montalbanais ? Facile, ce sont les habitants de la ville, qui participent à sa vie économique, culturelle et sociale. Mais de «souche», qu'en-est-il ? Combien de générations faut-il derrière soi pour être de «souche»? Deux ? Trois ? Beaucoup plus? En fonction du critère, et à titre d'exemple, le maire de notre ville, née à Toulouse d'une famille Tarnaise en serait ou n'en serait pas... Faut-il juste être né sur les berges du Tarn ou du Tescou ? Alors Daniel Cohn Bendit, député allemand est Montalbanais. Ou alors faut-il y avoir passé au moins son enfance ? Comme Antoine Bourdelle ou Philippe Labro qui ont quitté la ville à l'adolescence pour faire leur vie ailleurs ? À moins que l'on puisse, comme José Gonzalez, y vivre depuis sa naissance avec des parents nés de l'autre côté des Pyrénées, en Espagne. Et pour les pointilleux «la souche» doit-elle être occitane, y compris dans le verbe ? Vaste question que n'aurait pas reniée Shakespeare !


Un arbre renouvelé

 

Montauban a toujours été une ville généreuse, ouverte. Elle a adopté, ne serait-ce qu'au XXe siècle, de nombreux étrangers fuyant dictature ou misère - Italiens, Espagnols, Portugais- puis des Pieds Noirs, des Harkis, et tant d'autres, poussés à l'exil. On y trouve même des Bretons et des Parisiens, c'est peu dire, et les Tontons Flingueurs sur un rond- point...

Ils se nomment Edouard, Shipé ou Amine, Osman ou Glareh, ils viennent d'ailleurs et ils sont montalbanais.

Voilà pourquoi cette semaine, notre rédaction braque les feux sur cinq montalbanais non de souche, mais d'adoption, de cœur et d'attitude républicaine.

Telles les pousses d'un arbre ainsi renouvelé...

 


1. Amine Kherarfa n'a aucun regret

Amine est né en Algérie en 1964. Mais c'est en URSS qu'il est devenu ingénieur en sylviculture, et à Montauban qu'il a refait sa vie. Il parle calmement, tranquillement de cette vie qui aurait due être facile – bonnes études à l'étranger puis, avec son épouse, retour au pays pour participer à son développement. Mais c'était sans compter la quasi-guerre civile des années 90 et les dangers courus par un couple mixte et laïque que les tenants des idées intégristes considéraient comme des ennemis à éliminer. «Nous sommes arrivés en France en 1994 avec notre bébé accueillis par France Terre d'Asile ; j'ai choisi de venir à Montauban, pour le sud, le climat et l'ambiance qui, j'en étais sûr, me rappelleraient mon pays et où, ne connaissant personne, j'allais pouvoir repartir de zéro et vivre tranquille en famille.»


«Je suis un vrai Montalbanais»

 

Refaire sa vie n'est pas si facile même si le fait de bien connaître la langue est un avantage. L'exil, les petits boulots à la campagne ou les remplacements à l'usine Poult avec de maigres salaires, les problèmes divers ont amené la séparation du couple. Mais Amine voulait réussir et rester dans sa nouvelle ville : après avoir été moniteur au foyer des Mourets, traducteur en russe et arabe pour l'hôtel de police, il a compris que c'était dans le travail social auprès des étrangers qu'il se sentait le plus utile. Il est maintenant accompagnateur juridique des demandeurs d'asile.

«Je suis un vrai montalbanais, j'aime ma ville, j'ai longtemps habité Beausoleil avec ma nouvelle épouse et mes trois enfants. Il y a là une vraie vie de quartier à laquelle participions activement : soirées, réunions, fêtes. Maintenant nous vivons sur la route de St Martial alors, comme dans cette zone de maisons individuelles il y a peu de vie sociale, nous nous sommes rapprochés de la Comète et du quartier des Chaumes très vivant. Nous suivons aussi les évènements culturels de la ville, festivals, expositions etc.»

Amine n'a aucun regret pour ce qu'il a laissé mais quelques craintes : «actuellement, les idées d'extrême droite qui montent me font peur; bien qu'intégrés, il nous arrive d'être rejetés, même par des gens qui nous connaissent bien. Pourtant comme ma vie est ici, j'essaie de rester optimiste.»

 

Par C.B.

La Dépêche.fr, le 25/11/2014