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300 Roms dont 10 mineurs isolés - renvoyés vers la Roumanie

Des Roms expulsés de Massy vers la Roumanie

Quelque 300 Roms, dont 10 mineurs isolés, installés depuis un an sur un terrain de la commune de Massy (Essonne) ont été, mercredi 10 mars, renvoyés par vols groupés vers la Roumanie.

 

Lundi, à la suite d'une altercation avec une trentaine de gens du voyage, leur campement avait été détruit par un incendie et les familles avaient été relogées dans l'urgence dans un gymnase de la commune.


La préfecture avait aussitôt fait venir l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII) afin que soit propsoée une "aide au retour humanitaire".

Cette aide s'applique aux ressortissants communautaires, en l'occurrence quasi exclusivement aux Roumains et Bulgares. Elle est bien plus modeste que l'aide au retour traditionnelle (300 euros contre 2 000 euros).

 

DEUX AVIONS

Dès mercredi matin, 107 personnes ayant accepté cette aide ont été conduites à l'aéroport Roissy Charles de Gaulle sous escorte policière et embarquées dans un avion à destination de Bucarest.

Mais le soir même, un second avion a décollé vers 22 heures avec à son bord la plupart des autres personnes, qu'elles aient accepté ou non cette aide.

"Une cinquantaine [de personnes] avait déjà bénéficié de l'aide et étaient revenues, elles ne l'ont donc pas touchée une seconde fois. Mais toutes étaient volontaires au retour", assure la préfecture.

Mercredi soir, il ne restait à Massy qu'une dizaine de  Roms qui devaient être hébergés, dans le cadre du plan hivernal, dans des chambres d'hôtel.


"Les Roms ont été placés dans le gymnase sans avoir le droit d'aller et venir et ce hors de tout cadre juridique, puisqu'ils n'ont été placés ni en garde à vue, ni en rétention", dénonce Alexandre Le Cleve de l'association Hors la rue qui connaissait le campement de Roms à Massy pour y avoir suivi ces mineurs. "Dix mineurs isolés ont été renvoyés illégalement : d'un rapatriement dans le cadre d'un projet sous contrôle du juge des enfants, on a clairement basculé vers l'expulsion pour ces jeunes".

Protégés par la convention internationale des droits de l'enfant, les mineurs étrangers isolés ne sont, théoriquement, pas expulsables. En France, l'article 375 du code civil prévoit un devoir de protection des mineurs en danger, pour lesquels le signalement au parquet et la saisine du juge des enfants doivent être systématiques.

 

"NOUS SOMMES UN PEU À BOUT DE PATIENCE"

Mardi, Vincent Delahaye, maire (Parti radical valoisien) de Massy, avait été très clair : "Ils doivent impérativement partir. On les obligera par la force si nécessaire", avait-il déclaré au "Parisien".

"Après avoir beaucoup hésité, j'ai accepté d'ouvrir un gymnase. Mais je trouve anormal que des personnes occupent sauvagement de façon illégale des terrains qui ne leur appartiennent pas", a déclaré M. Delahaye au "Monde", mercredi soir. "Cela fait plus d'un an qu'ils sont là et qu'il y a des problèmes. Nous sommes un peu à bout de patience".

Dans un communiqué commun, diffusé mercredi dans la soirée, la Cimade et Hors la Rue ont dénoncé "l'extrême urgence" et "des conditions légales incertaines" dans lesquelles l'administration a "choisi de se débarrasser" de ces Roms. "Le traitement infligé à ces familles en état de choc est inacceptable, insistent-elles. Loin de chercher à les protéger, les pouvoirs publics profitent de cette situation pour leur faire pression et les inciter fortement à un départ "volontaire"".

Les associations rappellent que le TGI d'Evry avait, en décembre 2009, donné raison à ces familles Roms qui s'opposaient à leur expulsion du terrain où elles étaient installées à Massy et qu'une décision de la Cour d'appel était attendue pour le 16 mars.

 

Par Laetitia VAN EECKHOUT

Le Monde, le 11/03/2010