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Le travail, l'autre parcours du combattant des réfugiés

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Même en situation régulière, les personnes issues de l'immigration contrainte rencontrent des difficultés à leur insertion professionnelle. Seules 39% sont en emploi.

Les réfugiés, qui ont été contraints de quitter leur pays, peinent plus que les autres immigrés à trouver un emploi, selon une étude du Ministère du travail (DARES). Alors que 70% d'entre eux occupaient un emploi dans leur pays d'origine, seulement 39% sont en poste en 2010 en France. Dès leur arrivée, les demandeurs d'asile doivent faire face à un parcours administratif long et complexe pour obtenir le droit de travailler. Un migrant ne peut actuellement pas solliciter une autorisation de travailler avant neuf mois après le dépôt de sa demande d'asile aux autorités, un délai qui devrait passer à six mois, suite à la nouvelle loi immigration adoptée le 1er août.


Et les difficultés ne s'arrêtent pas là. Même après avoir légalisé leur situation, les portes du marché du travail restent encore difficiles à franchir. «Loin de leurs proches, de leurs amis et de leur famille, les réfugiés doivent reconstituer tout un capital social qu'ils ont perdu en quittant leur pays d'origine. Cela prend du temps, en moyenne 10 ans», estime Pierre Henry, le directeur général de France terre d'asile. Outre cette carence de réseau social, la maîtrise de la langue (36,1% des réfugiés seulement ont un niveau de français fluide), l'absence d'équivalence des diplômes ou les différences culturelles sont autant de freins à l'insertion professionnelle.

 

Appel des organisations de l'hôtellerie-restauration

Alors que la France a accueilli 100.000 réfugiés depuis 2016, les syndicats de l'hôtellerie-restauration annoncent réfléchir à des mesures pour faciliter l'emploi des migrants. «Il nous manque actuellement 50.000 CDI. Les entreprises de notre branche ne trouvent personne, c'est pourquoi nous voulons favoriser l'intégration des réfugiés dans nos établissements», explique Roland Héguy, président de l'UMIH, principale organisation du secteur.

Si le directeur général de France terre d'asile se réjouit que le secteur n'ait pas de réticences à recruter des réfugiés, il reste dubitatif sur les bienfaits de cette initiative: «Les réfugiés ne sont pas une population de remplacement. Comme tout résident, ils ont leur vie à construire. Les emplois de l'hôtellerie-restauration se caractérisent par une forte saisonnalité et de grandes amplitudes horaires que seuls de nouveaux arrivants accepteront». L'étude du ministère du Travail souligne à ce titre, que 38% des réfugiés souffrent d'un sentiment de déclassement professionnel, contre 26% des détenteurs d'un titre de séjour familial.


Le Figaro, Alice Kachaner, le 17 août 2018