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Paris : les associations d’aide aux réfugiés militent au pied de la tour Eiffel

Publié le : 16/06/2019

Accès à la santé, aux droits, hébergement, culture, emploi… Une quarantaine d’associations engagées aux côtés des demandeurs d’asile ont participé au forum initié par la mairie.

 

Partager des vacances dans le Vercors avec des demandeurs d’asile, rejoindre des équipes bénévoles d’enseignement du français, d’aide aux démarches, héberger, soigner, donner de son temps, de l’argent ou de ses compétences, aider et surtout « connaître et mieux connaître », sourit Marine, trentenaire parisienne arrêtée à un stand d’information de France terre d’asile...

Intriguée par l’enfilade de barnums blancs alignés le long des pelouses du Champ-de-Mars, alors qu’elle rejoignait des amis pour pique-niquer, la jeune femme a finalement parcouru deux fois ce forum d’associations et d’institutions engagées dans l’aide aux réfugiés, samedi. « Je n’ai pas le temps moi-même de m’impliquer dans ce genre d’action, mais je suis assez admirative », avoue-t-elle. La 2e édition de « Paris Ville refuge », organisée par la Mairie de Paris dans le cadre de la Journée mondiale des réfugiés, se voulait à la fois une « fête des réfugiés », et une occasion de sensibiliser le public parisien aux problématiques de la prise en charge des demandeurs d’asile et des migrants.

 

« Il y a plus de solidarité »

« C’est important d’amener les gens à chasser les idées reçues sur les réfugiés, et de discuter avec ceux qui ne sont pas en contact direct avec les réfugiés », militent par exemple Anastasia et Anna, derrière un stand apparemment ludique mais plutôt dérangeant : les blocs de leur jeu de « chamboule-tout » portent chacun un qualificatif comme « profiteurs », « terroristes », « bons à rien », « assistés »… Une montagne de griefs que le public n’a plus qu’à démolir à coups de balles de tennis… « Ces préjugés sont encore très courants », estime Anna. « Les mentalités changent un peu mais ça prend du temps », confirme Anastasia, arrivée d’Ukraine il y a 3 ans et aujourd’hui intervenante sociale auprès de familles syriennes. « Il y a tout de même plus de solidarité », pense la jeune femme.

Le vrai problème est ailleurs : le manque de moyens et… le gouvernement. La colère gronde aussi parmi les acteurs engagés à Paris pour les réfugiés, qui dénoncent les « incitations de l’Etat à mettre fin à l’accueil dans les centres au-delà de 3 mois ». « Cela va entretenir les campements et cela n’est pas concevable, tonne par exemple Eric Pliez, trésorier de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) mais aussi directeur général d’Aurore et président du SamuSocial de Paris. L’accueil des réfugiés doit rester inconditionnel, ne lâchons rien ! »

 

Une fresque de Saype

Un peu plus loin, Hélène s’arrête scrupuleusement à tous les stands. « Je travaille dans une association qui ouvre une antenne d’hébergement et d’accompagnement de 50 places pour mineurs, dans quelques jours à Paris », explique-t-elle. « Cette fête est l’occasion de se faire connaître et de connaître les autres ». Son association, La Rose des Vents, est l’une des lauréates de l’appel à projets initié par la Ville pour la création de 600 places d’accueil pour les réfugiés.

Cette nouvelle édition de Paris Ville Refuge s’est également offert un symbole fort, plus visible des hauteurs de la tour Eiffel qu’au ras des 600 m de pelouse qu’il parcourt : la fresque monumentale « Beyond walls » de l’artiste Saype, un spécialiste du « land art ». Ses mains entrelacées sur une longueur de deux fois la Tour, réalisées en peinture biodégradable à base de pigments naturels, sont un hommage aux sauveteurs bénévoles de SOS Méditerranée, qui secourent les réfugiés en fuite au péril de leurs vies.

 

Le Parisien, le 16 juin 2019