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« Le KO ou la fraternité », défi européen de l’immigration

Publié le : 22/11/2016

La Croix nouveau

 

Le directeur général de l’association France terre d’asile prône dans un livre coup de poing la création d’une agence européenne indépendante de protection des réfugiés et apatrides.

 

Les bidonvilles de migrants en Europe, c’est d’abord l’échec de l’Europe, a l’habitude de rappeler Pierre Henry dans ses déclarations. Cette fois, le directeur de France terre d’asile, à la tête d’une ONG de 700 salariés, œuvrant pour l’accueil de 10 000 demandeurs d’asiles et réfugiés, saisit l’occasion de le dire dans un livre faisant le constat qu’il n’existe pas de réponse globale à l’échelle de l’UE, alors que nous partageons un espace commun.


Une approche commune de l’immigration


« La frontière dessine l’altérité, elle dit la possibilité du refuge, elle propose une règle du jeu. Ce devrait être le cas de la frontière commune Schengen », déclare-t-il dans les premières pages au ton pamphlétaire. Le responsable multiplie les exemples pour montrer que l’Europe a le plus grand mal à incarner des réponses depuis le début de la crise des migrants. À commencer par le système de répartition commun de 160 000 demandeurs d’asile en deux ans qui, avec moins de 5 000 personnes accueillies, est quasiment au point mort.
Pour convaincre d’une approche commune, Pierre Henry énonce des faits globaux. L’immigration forcée représente 0,7 % de la population mondiale, et la majorité des exilés restent à proximité des zones de conflit. Le PIB de l’UE est de 14 000 milliards d’euros pour un peu plus de 500 millions d’habitants. Le coût de la répartition et de l’accueil des réfugiés qui arrivent sur le continent ne représenterait que 0,2 % du total.


Deux agences européennes indépendantes


D’où l’idée-force de créer une agence européenne indépendante de protection des réfugiés et apatrides. Elle pourrait fonctionner « à 6 ou à 27, car il faut rappeler ici que 80 % de la demande d’asile concerne seulement en 2015 six pays en Europe : Allemagne (35 %), Hongrie (14 %), Suède (12 %), Autriche et Italie (7 % chacune), France (6 %). »
Le directeur de France terre d’asile liste les arguments opposés à une telle proposition pour mieux les écarter. « Cette idée, pour qu’elle prospère, suppose un abandon de souveraineté de la part des États. Je connais la difficulté à accepter cet augure en pleine crise populiste, mais le statu quo n’est plus pensable. Sans responsabilité, pas de solidarité », argumente-t-il.


Pierre Henry propose par ailleurs de lancer une agence humanitaire européenne qu’il appellerait Protec, avec un commandement commun, et qui ferait le pendant de l’agence Frontex, chargée de la surveillance des frontières. Les jeunes pourraient y faire un service civique européen autour des valeurs communes de solidarité.

 

La Croix, le 22/11/2016