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La réponse de Laurent Joffrin

Publié le : 24/08/2012

Laurent Joffrin n’est pas resté insensible à notre dernière tribune publiée dans le Plus du Nouvel Observateur : il y a répondu aujourd’hui même.

Au moins, cette controverse lui aura permis de nuancer sa position sur les Roms et de préciser son adhésion à la mise en œuvre d’une véritable politique d’inclusion de ces personnes.

Car ce que nous avons regretté dans la position du gouvernement est que la réaffirmation et la mise en œuvre de cette dernière n’ait pas été le préalable aux actions de démantèlement. Du coup, le gouvernement n’a cessé, depuis lors de tenter de réparer cette erreur. Il y a réussi, en partie, avec la réunion interministérielle de mercredi dernier.

Quant à l’approche sans nuance du Directeur du Nouvel Observateur envers le monde associatif, elle reste assez étonnante. Car croyez-nous monsieur Joffrin, nous sommes bien placés pour savoir que la question des Roms et celles des migrations se caractérisent par leur complexité et que toute approche simpliste en la matière est vouée à l’échec !

La réponse de Laurent Joffrin:
Expulsions de Roms : évitons le piège du manichéisme

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La réponse de Pierre Henry, homme fort estimable au demeurant, à mon article sur les Roms illustre exactement mon propos, qui consiste à dénoncer le manichéisme et la langue de bois, ou de guimauve, qu’on emploie trop souvent dans ce dossier.

Ainsi, à l’entendre, refuser de simplifier à outrance la question des évacuations de campements Roms revient à rejoindre "le néo-conservatisme", à "théoriser l’abandon des valeurs de solidarité", à "vouloir la défaite de toute pensée alternative face aux conservatismes et aux lobbys sécuritaires", etc. Que dire de cette accumulation d’anathèmes, sinon qu’elle est à la fois moralisante, outrancière et, pour tout dire, un peu ridicule ?

Mon crime a été de rappeler que les maires qui demandent l’évacuation des campements ne sont pas tous des racistes ou des "néoconservateurs". Outre qu’ils sont souvent de gauche (une fausse gauche, sans doute…), ils répondent surtout aux demandes du voisinage, lequel n’est pas forcément constitué de racistes impénitents. Dans certains cas et sans amalgamer en aucune façon l’ensemble des roms à ces comportements, il existe une délinquance spécifique qui pose des problèmes réels de cohabitation. Est-il scandaleux de le dire ? Apparemment oui, aux yeux de mon agressif contradicteur, qui pense manifestement qu’en taisant les problèmes on les résout plus facilement.

Pour le reste, je me prononce comme lui pour des solutions d’insertion et de relogement décentes et humaines et je rappelle que le candidat Hollande avait fait, dans ce domaine, des promesses formelles, que le gouvernement doit maintenant honorer. Il croit appeler Martine Aubry à son secours. Mais si "dans une agglomération de 4 millions d’habitants, il doit bien être possible de trouver une solution viable pour 3000 Roms", pourquoi y a-t-il encore des campements dans cette région ? La maire de Lille serait-elle aussi une "néoconservatrice" qui "théorise l’abandon des valeurs de solidarité" ? Ou bien, hypothèse horriblement droitière, se pourrait-il que la solution à cette douloureuse question soit un peu plus difficile que ce qu’affirme Pierre Henry dans une période de chômage massif et de pénurie budgétaire ?

 Le Plus du Nouvel Observateur, le 24/08/2012