Plusieurs associations françaises et espagnoles d’aide aux demandeurs d’asile ont appelé mardi à la « solidarité » avec l’Espagne, devenue la principale porte d’entrée en Europe depuis que l’Italie s’est fermée aux migrants.
« L’Union européenne et tous ses États membres doivent aujourd’hui à l’Espagne, comme hier à l’Italie, une solidarité effective face à un afflux important de potentiels demandeurs d’asile », affirment dans un communiqué.
Depuis le début de l’année « l’Espagne a vu arriver 55 613 personnes » soit « plus du double de 2017 », et pour la seule semaine du 5 novembre les arrivées se chiffrent à « 897 personnes » contre « 537 en Grèce et 352 en Italie », souligne le communiqué.
« Les routes migratoires se redessinent », rappellent les associations, alors que l’Italie a fermé ses portes aux migrants sous l’impulsion du gouvernement d’extrême droite, se plaignant amèrement d’avoir été laissée seule par ses voisins européens pendant la crise migratoire de 2015-2016.
« Dans une Europe où les idées d’extrême droite progressent, ne reproduisons pas avec l’Espagne les erreurs commises vis-à-vis de l’Italie », a affirmé à l’AFP Pierre Henry, le directeur général de FTDA.
La France pointée du doigt
Aujourd’hui certains migrants arrivés en Espagne affluent à la frontière avec la France, ajoutent les associations, qui déplorent le « nombre considérable de renvois […] par la police française vers l’Espagne ».
En octobre, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner avait annoncé une hausse « de 60 % » sur un an des non-admissions dans les Pyrénées-Atlantiques. Aux termes d’accords bilatéraux passés en 2002, la France peut reconduire « dans les quatre heures suivant le passage illégal de la frontière » les étrangers ne remplissant pas les conditions d’entrée ou de séjour.
Les associations rappellent toutefois que le règlement de Dublin « n’autorise pas le retour en Espagne immédiatement pour les demandeurs d’asile », et appellent à « avancer » sur une réforme de ce règlement, avec un « mécanisme permanent et automatique de répartition » comme proposé par le Parlement européen.
Ouest France par AFP, le 04 décembre 2018