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Article issu de la Lettre de l'asile et de l'intégration n°95 - Le parcours des combattantes

 

Zoom sur... l’atelier chantier d’insertion

« Terre de Femmes »

 

En décembre 2019, l’association Adage et le réseau d’acteurs « Les Bâtisseuses », en collaboration avec le Palais de la Femme, fondé par l’Armée du Salut, ont créé l’atelier chantier d’insertion (ACI) « Terre de Femmes ». Coup de projecteur sur un programme de formation innovant, réservé aux femmes réfugiées et/ou éloignées de l’emploi, et centré sur la thématique de l’écoconstruction.

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© Palais de la femme - Armée du Salut

Eugénie N’Diaye, urbaniste de métier et sensible aux difficultés professionnelles rencontrées par les femmes réfugiées, veut déconstruire les stéréotypes de genre sur les métiers du bâtiment. Ayant fait le constat que dans plusieurs pays d’Afrique, les femmes sont en charge de la construction et de la décoration des habitations, elle a l’idée du projet Terre de Femmes qui vise à former les femmes réfugiées à l’écoconstruction.


Le programme, ouvert à 24 femmes (12 par promotion), s’articule autour de deux cycles. Le premier, dit « remobilisant », propose aux femmes d’alterner entre des cours de français et de communication avec Adage, et des temps de formation-métier sur la thématique « enduit naturel et terre crue » avec Terre de Femmes. Après cette première année, les femmes ont le choix de quitter le chantier pour se diriger vers un autre projet professionnel, ou bien de poursuivre la formation en cycle 2, dit « pré-qualifiant ». Elles continueront d’être formées sur les métiers de l’écoconstruction dans l’optique de préparer une reconnaissance professionnelle (ECVET). Certaines femmes réfugiées salariées de l’ACI étaient familières de ces savoir-faire et attirées par l’aspect manuel et artistique de l’ouvrage.


« J’accompagne ces femmes tout au long de leur parcours au sein de l’ACI, informe Margaux Blanchet, en charge du suivi professionnel des femmes et de la prise de contact auprès des entreprises, je les aide à définir leur projet professionnel et à accé-der, à la fin de leur formation, à l’emploi. »


Cependant, les salariées de l’ACI, généralement très éloignées de l’emploi, rencontrent des difficultés à l’embauche. Elles font face à divers obstacles, notamment liés à la barrière de la langue, à la méconnaissance des codes socio-professionnels, auxquels s’ajoutent des contraintes familiales, notamment lorsqu’elles sont mères isolées. « J’ai également remarqué que les femmes réfugiées pouvaient rencontrer plus de blocages que les autres, ajoute Margaux Blanchet. Au fil des conversations, j’ai pu faire le lien entre des craintes liées à des expériences traumatiques passées, notamment des violences sexuelles, et le refus pour certaines de travailler avec des hommes. D’autres femmes avaient peur de certains coins de Paris parce que ça leur rappelait un drame ou autre chose ». Des freins supplémentaires à prendre en compte dans la recherche d’emploi.


L’équipe de l’ACI est alors là pour accompagner ces femmes vers l’autonomie et pour qu’elles puissent reprendre confiance en elles. Des opportunités de volontariat avec Benenova et de parrainage citoyen avec le dispositif « Duos de demain » géré par France terre d’asile leur permettent de mieux cerner les secteurs professionnels qui les intéressent et de renforcer leurs liens avec des personnes habitant en France de longue date.


Malgré les freins à l’emploi que rencontrent les femmes de l’ACI, auxquels se sont ajoutées les difficultés à l’embauche liées à la pandémie de Covid-19, plusieurs femmes sont parvenues à construire leur projet professionnel et à s’insérer sur le marché de l’emploi. Il y a eu des sorties dans des entreprises d’insertion dans le domaine de la peinture, P
mais « ces femmes ne se destinent pas obligatoirement au BT, rappelle Margaux Blanchet, le chantier d’insertion est davantage un tremplin pour qu’elles se remobilisent ». L’une de ces femmes est donc partie dans une formation diplômante en coiffure, une autre exerce dans le domaine artistique et d’autres femmes travaillent maintenant dans les espaces verts. « Le but pour moi, pour cette deuxième année de lancement, c’est que je tente de créer plus d’opportunités en lien avec notre domaine pour que les femmes puissent s’insérer dans la continuité », conclut Margaux Blanchet.

 

 

Pour consulter l'intégralité de la Lettre de l'asile et de l'intégration n°95 - Le parcours des combattantes, cliquez ici.