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L'accueil des demandeurs d'asile à Caen

Publié le : 12/11/2012

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Le nombre de demandeurs d’asile à Caen est en augmentation de 25% sur les neuf premiers mois de l’année.

Tous installés au chaud dans des locaux aménagés au 7 rue docteur Roux à Caen, des dizaines de demandeurs d’asile patientent au sein de l’unique plateforme d’accueil régionale qui leur est consacrée. Comme lors de chaque permanence, les mardi, jeudi et vendredi matins, ils attendent de rencontrer l’un des salariés ou bénévoles de l’Association pour les Réfugiés du Calvados et de Basse-Normandie (Arcal) ou de France Terre d’Asile, pour faire le point sur leur situation. D’autres viennent simplement retirer leur courrier.

Certains ont le regard vide, fatigués par le long voyage qui les a menés ici. Quelques uns, au contraire, ont le visage barré par un large sourire. "A force de venir ici toutes les semaines pour prendre des nouvelles de notre dossier, on finit par tisser des liens", lâche Rouzbeh*, un Iranien qui vient d’offrir une cigarette à Wiraj, un Soudanais qui a fui la guerre du Darfour.

Les passeurs les envoient à Caen

Si les raisons qui les ont amenés à gagner la France sont différentes, ils se retrouvent au même point de départ dès lors qu’ils souhaitent régulariser leur situation. "Une fois arrivés dans l’Hexagone de façon clandestine, dans la plupart des cas, ils débarquent dans les grandes villes de province parce qu’ils y ont été envoyés par des passeurs", explique Séverine Desfrene, intervenante sociale de l’Arcal. "A la gare à Paris, quelqu’un m’a dit d’aller à Caen en m’assurant qu’on s’occuperait de ma situation", confirme Wiraj.

Après avoir obtenu un avis de passage à la plateforme d’accueil, ces ressortissants étrangers doivent ensuite se voir attribuer une autorisation provisoire de séjour à la préfecture. Le compte à rebours commence. Ils disposent dès lors de 21 jours pour soumettre leur dossier de demande d’asile à l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), basé à Fontenay-sous-Bois, en région parisienne.

Les hommes seuls à la rue

"On nous a prévenus qu’il faut être patient", explique Hrant, un Arménien qui dit avoir fui son pays car il y était "persécuté" pour ses actions politiques. "Le plus ennuyeux, c’est qu’en attendant d’obtenir l’asile, on ne peut pas travailler." En moyenne, les conseillers de l’Arcal ont observé qu’il faut un minimum de huit mois pour que les demandeurs d’asile obtiennent une réponse de l’Ofpra. Entre 18 mois et deux ans dès lors que leur dossier a été rejeté et qu’ils intentent un recours auprès de la Cour nationale du droit d’asile installée en Seine Saint-Denis.

Selon la préfecture, le nombre des demandeurs d’asile primo-arrivants dans le Calvados s’s’est élevé à 419 personnes sur les neuf premiers mois de l’année, contre 335 sur la même période l’an passé, soit une hausse de 25%. Face à cette augmentation, la plus importante enregistrée depuis 2005, la direction de France Terre d’Asile a décidé de limiter à 40 le nombre de nouveaux dossiers ouverts chaque mois. "La situation du Calvados est comparable à celle d’un bon nombre de chefs-lieux de région qui enregistrent, depuis la réforme portant sur la régionalisation de la demande d’asile, une hausse régulière de la demande", fait savoir un fonctionnaire de la préfecture.

Cette tendance n’est pas non plus sans avoir une conséquence fâcheuse sur l’offre d’hébergement. "Chaque demandeur d’asile est censé pouvoir bénéficier d’un logement pendant que son dossier est traité par l’Ofpra", explique Frédéric Bérubé, président de l’Arcal. Les 347 places proposées par les Centres d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA) sont toutes occupées depuis longtemps. "Et comme les femmes avec enfants, seules ou en famille sont prioritaires, nous comptons une trentaine d’hommes seuls à la rue", observe Frédéric Bérubé.

*Les prénoms ont été volontairement changés.

La Manche libre, le 10/11/2012