fbpx
Main menu

Au Cada, des familles construisent une autre vie

Publié le : 31/12/2013

nouvelle-republique-logo

Avenue de Villefranche, le centre d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada) permet à des familles de se dessiner un nouveau destin. Un parcours difficile.

Même à l'avant-veille de Noël, le centre d'accueil pour demandeurs d'asile est sur le pont. Tandis que la directrice assure l'accueil dans les locaux peu visibles de l'avenue de Villefranche, une des trois intervenantes sociales est partie chercher une famille. Une place s'est libérée en Sologne, c'est donc là que ces demandeurs d'asile seront accueillis pour mettre en place un long et aléatoire parcours.

Depuis presque dix ans, le Cada de Romorantin, géré par l'association France Terre d'asile (1), accueille des hommes, des femmes et des enfants qui, en raison de leur appartenance ethnique, de leurs idées politiques, religieuses ou à cause d'un contexte de guerre sont, pour préserver leur vie, contraintes de quitter leur pays et de demander asile.
Une fois installée dans l'un des appartements loués par l'association, la famille va être prise en charge, accompagnée. « Nous accueillons quinze familles réparties entre Romorantin et Salbris. Elles viennent de Russie, de Georgie, d'Albanie, d'Angola, du Nigéria, du Soudan… » explique Cécile Naturel-Deblaise, à la tête d'une équipe de cinq personnes. Un long travail commence alors, parallèlement à la prise en charge sociale, éducative et administrative. Il faut monter le dossier qui permettra peut-être d'accéder au statut de réfugié (2) qui peut être accordé au titre de la Convention de Genève (carte de résidant pour 10 ans) ou de la protection subsidiaire (carte de séjour d'un an renouvelable). Un parcours qui prend au moins un an et demi s'il y a refus en première instance. Une réforme est d'ailleurs en cours visant, entre autres, à accélérer le processus.
Pour que les familles vivent le moins mal possible cette période, le Cada organise des ateliers cuisine, jeux, se charge aussi de l'apprentissage de la langue, « le vecteur le plus important ». Propose des échanges sur le logement, la vie quotidienne, et l'insertion professionnelle.

Être dans la ville

« Beaucoup de demandeurs d'asile en profitent pour s'engager dans le bénévolat, pour donner de leur temps, pour pouvoir participer », poursuit la directrice qui rappelle qu'ils ne disposent pas du permis de travailler pendant l'instruction de leur dossier. Pas simple de quitter sa vie, son pays… « Ici, ils sont dans l'attente. C'est une rupture dans un parcours de vie. Certaines personnes le subissent, d'autres le supportent. Il peut y avoir des états de stress post-traumatiques », précise encore la directrice arrivée au printemps qui peut compter sur l'interdisciplinarité appliquée au sein de l'équipe pour détecter les personnes les plus vulnérables.

 Si des bénévoles veulent donner de leur temps aux familles du Cada, s'adresser au 02.54.76.55.50.

 (1) France terre d'asile, créée en 1971, gère notamment 29 centres d'accueil pour demandeurs d'asile soit une capacité de 2.579 places (chiffres 2012). Chaque jour, plus de 5.000 sont prises en charge par l'organisation.
(2) L'Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) a enregistré 61.468 demandes d'asile en 2012, en France. Le taux d'accord en première instance était de 9,4 %.

repères

  • Le centre d'accueil pour demandeurs d'asile de Romorantin (existant depuis 2004) peut accueillir 60 personnes, idem pour celui de Vendôme. Celui de Blois, compte 80 places.
  • Une fois dirigés par la préfecture vers un Cada, les demandeurs d'asile sont pris en charge. Hébergés (le Cada de Romorantin peut héberger 11 familles à Romorantin et 4 à Salbris), les demandeurs d'asile disposent de l'aide sociale de l'État, le temps de la préparation et de l'instruction de leur dossier via une allocation mensuelle de subsistance (AMS). Les associations caritatives travaillent avec le Cada.
  • Les personnes qui obtiennent le droit d'asile sont encore suivies pendant trois mois pour un travail d'insertion par le logement et l'emploi.
  • Pour les personnes déboutées, le délai est d'un mois. Elles peuvent alors bénéficier d'un retour au pays, demander leur régularisation ou encore un réexamen de leur dossier auprès de la Cour nationale du droit d'asile (CNDA).

Le 28 décembre 2013, La Nouvelle République