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Calais : où iront les mineurs après le démantèlement de la "jungle" ?

Publié le : 04/10/2016

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D'après les associations, 1 200 mineurs vivent dans le camp de réfugiés et ils ne peuvent pas être relogés dans les mêmes structures que les adultes.

 

 

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La "jungle" de Calais. La "jungle" de Calais. © Rodrigo Avellaneda/ Rodrigo Avellaneda


Les associations s'inquiètent du sort des mineurs de la « jungle » de Calais après le démantèlement du camp. Leur sort est au cœur de négociations serrées pour organiser leur accueil en Grande-Bretagne ou dans les départements. Selon Bernard Cazeneuve, le nombre des mineurs serait « de l'ordre de 900 à 950 » dans le bidonville insalubre. Les associations parlent, elles, de 1 200 jeunes réfugiés – soit plus d'un dixième de la population totale du camp, leur nombre a bondi ces derniers mois.
Si les plus jeunes ont une dizaine d'années, « l'immense majorité a entre 15 et 18 ans », et presque tous sont « non accompagnés », ou alors d'un oncle ou d'un cousin, explique Pierre Henry, de France terre d'asile qui est chargée de leur accueil. « Entre 20 et 25 % doivent avoir de la famille » en Grande-Bretagne. Le règlement de Dublin, qui détermine où les demandes d'asile doivent être traitées, pourrait jouer en leur faveur. Car dans le cas des mineurs, ce n'est pas forcément le pays d'entrée dans l'UE qui est responsable, mais « celui dans lequel un membre de la famille ou les frères ou sœurs se trouvent légalement ».

Depuis plusieurs mois, les autorités françaises plaident pour que les Britanniques explorent cette voie et un représentant du ministère britannique de l'Intérieur a été envoyé chez ses homologues français « pour accélérer et faciliter ces procédures », dans le cadre d'« efforts » qui « s'intensifient », indique-t-on au ministère de l'Intérieur.


Des négociations délicates avec le Royaume-Uni

En visite à Calais le 26 septembre, François Hollande avait réitéré son appel lancé en mars au Royaume-Uni, de « prendre leur part dans l'effort humanitaire » pour évacuer le campement. Les autorités britanniques ont déjà versé 100 millions d'euros pour sécuriser le site de Calais. Mais « humanitaire » renvoie à la question de l'asile, au premier rang des mineurs. À ce sujet notamment, un dialogue « extrêmement ferme » et « clair » a été ouvert avec les Britanniques, a indiqué Bernard Cazeneuve, sans s'avancer plus avant.
Alors que la première ministre britannique Theresa May vient d'annoncer qu'elle enclencherait le Brexit d'ici fin mars en avertissant que « nous déciderons nous-mêmes de notre contrôle de l'immigration », le sujet est sensible. Jusqu'à présent, depuis le printemps, Londres a accepté 72 transferts au titre de la réunification familiale. Il faut, pour les associations, aller plus loin.
« Les dispositifs existants sont très en deçà des besoins », estime Bernard Thibaud du Secours catholique, qui plaide pour « un vrai travail de fond sur la demande d'asile ». Les associations appellent à un élargissement de la notion de famille proche, un assouplissement des critères de l'asile... et à la souplesse, ces jeunes ne pouvant pas toujours produire les documents d'identité exigés – comme les Afghans qui ne disposent que de « tazkiras » difficiles à faire valoir.


Comment accueillir ces mineurs sur le territoire français ?

Si les mineurs ne sont pas accueillis en Grande-Bretagne, il faudra trouver des solutions en France. Or, ces jeunes relèvent de l'aide sociale à l'enfance et ne peuvent aller dans les centres d'accueil et d'orientation (CAO), ces centres ouverts pour inciter les migrants de Calais à demander l'asile en France. Pour eux « des dispositifs d'accueil adaptés seront ouverts dans les départements, qui ne seront pas des CAO », veut croire Véronique Fayet du Secours catholique, reçue avec d'autres associations par Bernard Cazeneuve et Emmanuelle Cosse fin septembre.
« Une plateforme nationale pour la répartition est à l'étude, avec l'association des départements de France », a assuré à La Voix du Nord le président du département du Pas-de-Calais, Michel Dagbert. Bernard Cazeneuve a, lui, indiqué que des discussions étaient ouvertes avec les départements sur « les conditions qui permettront d'accueillir dans de bonnes conditions les mineurs isolés ». Le sujet est, là aussi, complexe, alors que l'ouverture prévue des CAO dans les régions fait grincer des dents. Et ce, d'autant plus que certains départements rechignent déjà à accueillir le « quota » de mineurs isolés que leur attribue pourtant une nouvelle clé de répartition, entrée en vigueur cet été, pour soulager les départements qui en accueillent le plus.

Le Point, le 03/10/2016