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« Au Congo, on tue les gens comme on respire »

Publié le : 23/01/2014

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«Le 4 juin 2013 ». Une date que Johnson, 25 ans, a gravée dans sa mémoire. Le jour où il est arrivé en France, à Paris. Le jour où il a quitté son pays, la RDC (République démocratique du Congo), sans savoir s’il le reverrait un jour. « C’est difficile d’en parler, je fais souvent des cauchemars », prévient-il avec un petit accent. Depuis le mois d’octobre, il partage un appartement, fourni par France Terre d’asile, avec trois demandeurs d’asile.

En novembre 2012, pour trouver du travail, il se rend dans le camp militaire de son frère, à Goma, un secteur au cœur de la contestation entre les rebelles et les autorités. Quelques jours plus tard, les rebelles entrent dans la ville, le capturent et l’emprisonnent une dizaine de jours. « J’étais dans un petit cachot. Je dormais par terre et n’avais pas de nourriture… » Il parvient finalement à leur fausser compagnie.
Peu après, l’histoire bégaye. Il est pris pour un insurgé et emprisonné par l’armée loyaliste qui avait reconquis la ville. Les soldats le frappent jusqu’à ce qu’il avoue faire partie des rebelles puis l’envoient à Kinshasa. En prison, un officier va l’aider à s’évader contre espèces sonnantes et trébuchantes.

Des cachots africains au parc de Notre-Dame

Il y a un an, il se réfugie chez un pasteur qui l’héberge un peu plus de deux mois. « J’avais peur qu’on me retrouve et qu’on me supprime. Là-bas, on tue les gens comme on respire. » Alors que le pasteur récupère une petite somme d’argent lors d’une quête, un frère lui prépare des papiers pour fuir en France. Le 4 juin, il quitte la RDC avec une fausse identité. Accueilli par une connaissance congolaise du frère, Johnson demande à l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) de le prendre en charge. « Ils m’ont dit qu’il n’y avait pas de place. J’ai dormi dans la rue. Dans les parcs devant Notre-Dame, à Paris… ». Enfin, le 24 octobre, France Terre d’asile le contacte.
Aujourd’hui, Johnson tente de se reconstruire. Il pense demander la nationalité française et envisage même une carrière dans le marketing. Un secteur qu’il connaît un peu, raconte-t-il en esquissant un sourire. « Je n’ai pas le choix, je dois rester ici. Si je rentre au Congo, je risque de perdre la vie… »

Le Parisien, le 22 janvier 2013