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PACA : la république inégale

Publié le : 06/08/2010

PACA : La république inégale

La fermeture d’hôpitaux, de dessertes ferroviaires, de postes, de tribunaux laisse souvent des territoires exsangues. Nous le savons. L’égalité des citoyens à l’intérieur des territoires est remise en cause tout comme l’égalité entre les territoires. Dans ce tableau bien peu poétique, nous avons voulu savoir comment l’accueil des primo-arrivants demandeurs d’asile était assuré en PACA. Nous rappelons que les pouvoirs publics ont engagé à partir de 2007 une réforme de l’admission des demandeurs d’asile en la régionalisant et en concentrant la charge de l’hébergement sur les capitales régionales.


La région PACA comprend six départements pour 4 815 232 habitants. Elle a reçu en 2009, si l’on se réfère aux statistiques de l’OFPRA, 1 670 demandeurs d’asile, ce qui représente 0,35 demandeurs d’asile pour mille habitants – ( pour mémoire ce rapport est de 0,53 au plan national).

Le nombre théorique de places de CADA est de 1 466 – (100 dans les Alpes-de Haute-Provence, 50 dans les Hautes-Alpes,  426 dans les Alpes-Maritimes, 780 dans les Bouches-du-Rhône, 60 dans le Var et 50 dans le Vaucluse).

 
La compétence des préfectures s’exerce soit par l’intermédiaire de la Direction départementale de la cohésion sociale, soit par le service de l’immigration.
La régionalisation a été ici aménagée et le territoire régional divisé en deux.  Les demandeurs d’asile arrivant dans les Alpes-de-Haute-Provence, les Hautes-Alpes, le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône relèvent de la compétence de Marseille, ceux du Var et des Alpes-Maritimes de Nice.
A Nice, une association, l’ALC, gère la plate-forme de premier accueil.


Elle enregistrait 1 911 personnes en attente d’entrée en CADA au 31 juillet et un peu plus de 400 personnes placées sous convocation Dublin. Déclarant les capacités d’hébergement saturées (près de 900 personnes hébergées à l’hôtel), les pouvoirs publics ont décidé de ne plus assurer l’hébergement des primo-arrivants depuis la mi-juin. Ils ont également inauguré un nouveau mode de convocation - la multi-convocation Eurodac.


En clair, le contrôle des empreintes qui est immédiat ailleurs prend ici plusieurs semaines de vérification et la délivrance d’une première APS dure entre deux et quatre mois, retardant d’autant l’accès à un moyen de subsistance. Autrement dit, le message adressé aux demandeurs d’asile est clair, « allez voir ailleurs si l’air y est meilleur ».


Ailleurs , mais où ?

A Marseille, c’est près de 1 500 personnes qui sont en attente d’entrée en CADA. On ne compte pas moins de 500 isolés à la rue. Un premier dispositif d’hébergement d’urgence d’une trentaine de places pour les demandeurs d’asile placés sous convocation Dublin s’est ouvert très récemment pour un coût moyen journalier supérieur à 30 euros. La plate-forme de premier accueil est ici gérée par « Hospitalité femme » sous contrôle de l’OFII.

 
Evidemment, l’ensemble des acteurs locaux regrette le manque de lisibilité des politiques publiques, le peu d’anticipation et de cohérence qu’elle manifeste. La judiciarisation pour l’accès aux droits devient un mode de régulation normal des relations avec les pouvoirs publics. L’avenir est inquiétant avec des coupes drastiques annoncées dans l’ensemble des budgets sociaux notamment d’insertion.

France terre d'asile, le 06/08/2010

Pour en savoir plus

Nice Matin, Demandeurs d'asile, les structures d'accueil saturées, le 02/07/2010

Nice Matin, Les demandeurs d'asile déboussolés, le 02/06/2010

Nice Matin, Les demandeurs d'asile réclament un toit à la préfecture, le 05/02/2010