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"Quelque fois j’en pleure de rage…"

Publié le : 17/01/2014

L’histoire de Boban macédonien de 33 ans vivant en Belgique.
« Je ne souhaiterais pas ce genre de vie, même à mon pire ennemi. »

 

470 Boban zetel


En tant que citoyen apatride de Macédoine, les droits fondamentaux de Boban n’étaient pas respectés. Dans le but d’avoir ces droits, il a laissé son pays natal derrière lui et il est maintenant reconnu par les tribunaux belges comme apatride. Néanmoins, cela ne donne pas automatiquement à Boban le droit à un titre de séjour. Il a demandé l’asile dans plusieurs autres pays de l’UE mais a toujours été renvoyé vers la Belgique, où il vit à la rue et sans aucune aide sociale. Boban a été enfermé en centre de rétention par deux fois, mais comme les autorités macédoniennes ne le reconnaissent pas comme l’un de leurs citoyens, elles ne le laissent pas retourner en macédoine. Huit en plus tard, il est toujours sans papier, toujours inéloignable, et toujours sans avenir.


Rien à perdre

Je suis venu en Belgique fin 2005. J’espérais qu’en tant que membre de l’UE, la Belgique m’offrirait la possibilité d’une nouvelle vie. Je suis né en Macédoine sans citoyenneté, parce que ma famille et moi sommes Rom. J’ai été discriminé à cause de ça toute ma vie. Je n’ai pas été autorisé à m’inscrire au lycée, je n’ai pas été autorisé à travailler, n’ai pas eu le droit d’être inscrit à la sécurité sociale, ne serais jamais autorisé à me marier… je n’avais aucun droit, aucune vie, aucun avenir – et c’est pourquoi je suis parti.

J’ai fais une demande d’asile aussitôt que je suis que je suis arrivé en Belgique, mais deux mois plus tard ma demande a été rejetée car les autorités ne croyaient pas mon histoire. J’ai fait une 2nde demande mais sans résultat, après cela j’ai décidé de faire une demande pour avoir le statut officiel d’apatride. La procédure est compliquée et très longue ; vous avez alors besoin d’un bon avocat. Ce n’est qu’après trois entretiens oraux supplémentaires, quand le bureau macédonien des affaires internes a finalement confirmé que je n’avais pas la nationalité macédonienne et ne pourrais jamais revenir en Macédoine, que j’ai été reconnu en tant qu’apatride. Cela remonte à 2009.


Statut :apatride

Contrairement à ce que j’espérais, le verdict n’a rien changé. Le statut d’apatride ne donne pas le droit de rester en Belgique – donc je n’ai toujours pas de droit. Je n’ai toujours pas d’endroit ou dormir, je n’ai toujours pas le droit de travailler. En 2010, j’ai fais une demande de régularisation mais je n’ai jamais reçu de réponse. Mon seul espoir est de continuer à demander l’asile, ce que j’ai fais six fois au total. Encore et encore ma demande a été rejetée.


J’ai commencé à devenir désespéré. Ils s’attendent à ce que je fasse quoi ? J’étais sensé aller où ? J’étais à court d’idées. J’ai essayé de me tourner vers d’autres pays pour de l’aide, du Luxembourg vers l’Autriche en passant par l’Allemagne, mais tout ce qu’ils ont fait c’est me renvoyer vers la Belgique. Ils se foutent de moi ! C’est tellement frustrant, quelquefois j’en pleure de rage… ce n’est pas un jeu ! Je ne souhaiterais pas se genre de vie à mon pire ennemi.


Rétention

J’ai été mis en détention deux fois au fil de ses dernières années car je n’avais aucun papier. J’étais choqué de découvrir que même en étant reconnu apatride, je pouvais toujours être envoyé en centre de rétention. La dernière fois que j’ai fais ma demande d’asile, les autorités ont soudainement décidé de m’arrêter et de m’emprisonner - même s’ils savaient que je ne pouvais être renvoyé ! Pendant trois semaines nous avons attendu la réponse négative de la Macédoine, après ça ils m’on relâché à nouveau. L’administration n’a aucune pitié. C’est le jeu du chat et de la souris !


Vous savez ce qui est triste : la plupart des gens ne peuvent pas attendre d’être libéré de rétention, mais moi, je ne veux pas en sortir. C’est mieux ici que dans les rues je me dit souvent moi-même. J’avais de la nourriture, un toit, les gens étaient gentils avec moi… Que demander de plus ?


Imaginer l’avenir

Pendant 33 ans, cette souffrance a été ma vie… C’est presque impossible de voir l’avenir différemment. Je veux juste avoir une vie normale. Je veux être capable de travailler et de me marier, d’avoir ma propre famille. Mais quand ça arrivera ? Je ne sais pas. Personne ne le sait.


2000    la Macédoine refuse de donner la nationalité macédonienne à Boban
2005    Boban arrive en Belgique
             Sa demande d’asile est rejetée
2006    Arrive au Luxembourg et demande l’asile
             Renvoyé en Belgique et détenu pendant deux mois
             Veux retourner dans son pays mais la Macédoine refuse
2007    Demande la régularisation
2008    Demande de reconnaissance du statut d’apatride.
2009    Reconnaissance du statut d’apatride
2011    Brièvement emprisonné pour vol à l’étalage
             Reste à l’hôpital psychiatrique pour quelques mois
             Arrive en Autriche et demande l’asile
2012    Renvoi en Belgique
             Arrive en Allemagne
2013    Renvoyé en Belgique
            6ème rejet de demande d’asile, détenu pendant un mois
            Relâché car apatride8 ans en Belgique
            Toujours sans papier et inéloignable car apatride

 

8 ans en Belgique,
Toujours sans papier et inéloignable car apatride.

 

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