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Réfugiés: «La générosité, ça s’organise sur la durée»

Publié le : 09/09/2015

lavoixdunord


| TROIS QUESTIONS À |
Pierre Henry, directeur général de France terre d’asile, qui prend en charge 5 000 personnes par jour, est l’un des principaux acteurs hexagonaux de l’aide aux réfugiés.

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Pierre Henry, directeur général de France terre d’asile : « Accueillir ne va rien retirer aux Français sur le plan social ou en matière d’emploi ».


– Vous aviez qualifié Calais de « cul-de-sac migratoire ». L’accueil de 24000 réfugiés en France est-il à la hauteur de l’enjeu ?

« La proposition de Juncker dépasse la question de Calais : aucun pays ne peut répondre seul à cette arrivée exceptionnelle et rapide de centaines de milliers de personnes qui interroge le pacte social de chacun des 28 membres de l’Union et le projet européen lui-même. 24 000, c’est la quote-part, adaptable, de la France. Le Nord - Pas-de-Calais, impacté par les migrations depuis longtemps, a déjà eu une réponse solidaire. À d’autres de prendre aussi leur part. »

– De « clandestin » à « réfugié », le vocabulaire est-il politique ?

« Il faut parler de réfugié dès lors qu’on parle d’accueil. Et savoir faire de la politique pour ne pas faire de l’humanitaire au rabais. La décision d’humaniser la jungle de Calais est certes de l’humanitaire au rabais. Mais je suis pragmatique : c’est mieux que de la nier comme on l’a fait pendant quinze ans. Et il est aussi temps pour les discussions de paix en Syrie d’où viennent les réfugiés. »

– On assiste à deux élans contraires : la réserve et la générosité de volontaires pour héberger des migrants…

« Accueillir ne va rien retirer aux Français sur le plan social ou en matière d’emploi : on retrouve les réfugiés dans des secteurs (bâtiment, restauration, hôpitaux) avec 400 000 emplois non pourvus. Cela dit, la générosité, ça s’organise pour que ça ne soit pas qu’un feu de paille. Pas facile d’accueillir chez soi une victime de guerre. Je préfère l’idée de parrainages en lien avec les associations. Des questions se posent en matière d’intégration (langue…) : à l’État de tout coordonner sur la durée. »

Par Claire Lefèbvre, La Voix du Nord, le 09 septembre 2015