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En France, des initiatives pour l’accès à l’emploi des réfugiés

les echos

 

Outre la question de l’hébergement, l’accès à l’emploi des réfugiés reste un vecteur majeur d’ intégration.

 

A côté du « Wir schaffen das ! » (« Nous y arriverons ! ») d'Angela Merkel, à propos de l'accueil des réfugiés, la mobilisation française a toujours fait pâle figure. La volonté de l'administration d'éviter tout « appel d'air », en aménageant l'intégration des réfugiés, a accentué le décalage avec le voisin allemand. Les Français ont ainsi vu les Allemands mettre de gros moyens dans un système de formation professionnelle déjà nettement plus performant. Mais petit à petit les choses changent. De nombreux programmes d'insertion professionnelle voient le jour, et certains blocages mentaux se lèvent.

 

Importance du travail dans l'intégration

 

L'Etat a peu à peu pris conscience de l'importance du travail dans l'intégration des réfugiés, pour subvenir à leurs besoins et tisser des liens dans la société. « Il faut dynamiser l'accès à l'emploi et à la langue », préconise Raphël Sodini, directeur de l'Asile au ministère de l'Intérieur.

Pour cela, l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII) a réformé le Contrat d'intégration républicaine (CIR) en 2016 afin de mieux transmettre à Pôle Emploi les informations recueillies auprès des réfugiés. En 2016, environ 26.000 titres de séjours ont été délivrés à des adultes. Un chiffre qui s'élevera à 45.000 en 2017, adultes et enfants confondus, selon le ministère.

 

Trop longtemps focalisés sur l'hébergement

 

Jusqu'ici focalisés sur l'hébergement des réfugiés, préalable essentiel à l'intégration, les pouvoirs publics s'attachent désormais à faciliter leur accès au marché du travail.

 

Ces entreprises qui s'engagent pour les réfugiés

 

Le premier dispositif national pour l'emploi des réfugiés a été lancé en mai dernier, en partenariat avec plusieurs entreprises françaises. Un échantillon de 1.000 personnes va suivre une formation de quatre mois, avant de pouvoir décrocher un contrat professionnel et exercer un métier, notamment dans le secteur de la construction. En phase d'essai, ce plan d'accès à l'emploi « pourra être généralisé » s'il est efficace.

 

L'implication de la société civile

 

Un rapide coup d'oeil sur les pratiques de son voisin montre que la réussite de l'intégration en Allemagne repose aussi sur « l'implication de tous les acteurs de la société civile », explique Agnès Fontana, directrice de l'Accueil et de l'Accompagnement des étrangers. Des initiatives fleurissent à l'échelle du pays, comme le montre la plate-forme sur internet de l 'association « Action Emploi Réfugiés », fondée en juin 2016 par Diane Binder et Kavita Brahmbhatt.

Le site met en relation réfugiés et entreprises à travers plusieurs centaines d'offres d'emploi dans les secteurs du commerce, de la restauration et des services à la personne. Diane Binder recense « trois difficultés principales pour les réfugiés » : leur manque de repères, la barrière de la langue et l'équivalence des diplômes. « Ils sont parfois obligés de changer de métier ou de tout recommencer à zéro », déplore-t-elle. Avec plus de 150 offres pourvues sur la plate-forme et une hausse des demandes de la part des réfugiés et des entreprises, l'association envisage de développer « un outil utilisable à plus grande échelle », en conservant un « accompagnement personnalisé ».

 

TEMOIGNAGE : Hussam : « Réfugié, ce n'est pas un métier »

 

C'est grâce à leur maîtrise de la langue française que Hussam et Husamddin ont trouvé un emploi en France. Et au réseau associatif.

Censuré par le régime de Bachar el-Assad pour avoir enseigné le poème « Liberté » de Paul Eluard à ses élèves, Hussam Darkashalli a décidé, comme plusieurs millions de réfugiés, de quitter Damas, en Syrie, il y a cinq ans pour fuir la guerre et offrir un avenir meilleur à ses enfants.

 

Une victoire qui n'est pas donnée à tout le monde

 

Passé par la Jordanie où les étrangers n'avaient pas le droit de travailler, ce père d'une famille de trois enfants est arrivé en France en mars 2016. Depuis six mois, il est agent d'accueil pour une association accompagnant d'anciens détenus. « Réfugié, ce n'est pas un métier, assure-t-il. Le RSA permet de trouver un métier, de devenir autonome ». Après avoir passé un entretien, il a reçu une promesse d'embauche du rectorat de Créteil. A partir de septembre, Hussam va assurer les cours de FLE (français langue étrangère) dans des lycées de l'académie. Une victoire dont il est fier, mais qui n'est pas donnée à tout le monde.

 

Maîtriser la langue, un prérequis à l'intégration

 

Hussam l'affirme : « Le secret, c'est la langue. » Une clé de réussite pour sa fille, entrée en classe de seconde à son arrivée en France. Aidée par son père, elle a obtenu, cette année, la note de 20 sur 20 à l'oral du bac de français. Un constat sur la maîtrise de la langue française partagé par Husamaddin Emran, un réfugié parti du Yémen en plein conflit, pour ne pas être enrôlé de force dans un groupe armé.

Diplômé de gestion en Malaisie et employé à temps plein dans le magasin de prêt-à-porter Uniqlo à Paris, il vise des fonctions d'encadrement mais son niveau de langue - B2 - en français ne suffit pas. « Le problème, c'est qu'il n'y a pas de stratégie » concernant les cours de langue, lui qui s'est familiarisé avec le français sur YouTube. L'environnement associatif est riche, mais désorganisé, ce qui rend l'apprentissage peu accessible aux réfugiés qui possèdent un travail.

 

Des associatifs « comme une famille »

 

Si Hussam remercie le « système social élevé, programmé et sérieux », c'est envers les associations qui l'ont accompagné qu'il se montre le plus reconnaissant. Les associatifs qui l'ont soutenu pour les procédures administratives et l'obtention d'un logement stable « sont comme une famille ». Constituer des dossiers pour bénéficier des aides sociales est source de « stress » et compliqué pour les réfugiés. En plus d'être des travailleurs sociaux, les membres des associations comme France Terre d'asile sont devenus les amis que la famille a laissés derrière elle, en Syrie. « Nous avons besoin de leur parler de nos peurs, de nos espoirs », raconte Hussam, conservant malgré tout un large sourire.

 

Par Les Echos, le 1er août 2017 : https://www.lesechos.fr/monde/europe/030475990797-en-france-des-initiatives-pour-lacces-a-lemploi-des-refugies-2105617.php