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A Créteil, le foot réunit les jeunes de la ville et les mineurs étrangers

Publié le : 19/04/2017

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L’échange de maillots n’aura pas attendu le coup de sifflet final. Naturellement, un jeune se propose de revêtir un t-shirt blanc au-dessus de son habituelle tunique bleue. Celle de l’US Créteil-Lusitanos. Il rejoint les buts de ses adversaires du jour, en infériorité numérique. Une sélection de jeunes du club cristolien affrontait ce mercredi une équipe composée de mineurs isolés étrangers du centre Miguel-Angel-Estrella de Créteil.
Au bord du terrain de futsal du Five, Hicham Hadari suit attentivement la partie. Le responsable du club est fier d’avoir pu réunir sur le gazon — synthétique — des jeunes qui, bien qu’habitant Créteil, n’ont que peu de chance d’échanger : « Cet événement fait partie de nos stages citoyens, organisés lors des vacances scolaires. Nos jeunes doivent être bien dans leur tête comme dans leurs baskets. Ils m’ont étonné par leur maturité lors d’une rencontre avec un responsable de France terre d’asile. »
Hicham Hadari le promet, « aujourd’hui l’aspect compétition est mis de côté ». Vraiment ? A la pause, le coach cristolien multiplie les consignes tactiques et remobilise avec énergie ses joueurs, dominés en début de match.

 

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Créteil, ce mercredi. Une équipe de jeunes de l’US Créteil Lusitanos a affronté une sélerction de mineurs étrangers isolés du centre Miguel-Estrella. LP/C.L.


« On se plaint de ne pas pouvoir aller au McDo »


Maillot du FC Barcelone sur les épaules, Sabri se montre particulièrement à l’aise balle au pied. En France depuis plus d’un an, l’Egyptien suit le parcours d’insertion professionnelle développé par le centre Estrella : « Je fais de la mécanique. Normalement j’entrerai dans une école en septembre. » Le jeune homme de 17 ans se réjouit de pouvoir se mesurer à une équipe locale de football. « Chez moi [à Alexandrie] tout le monde joue au ballon. N’importe où, même dans la rue. »
Educateur au centre d’accueil et d’accompagnement pour mineurs étrangers isolés, Akim confirme l’envie de ses protégés de « se tester contre une vraie équipe, de prouver ce qu’on vaut réellement ». Lui y voit surtout l’opportunité de rencontrer des jeunes de leur âge et de lutter contre une « méconnaissance qui fait qu’il y a de la crainte ».
En face, les espoirs de l’US Créteil-Lusitanos sont impressionnés par le courage de leurs adversaires. Quelques jours avant l’opposition amicale, ils ont appris leurs parcours, les routes traversées pour rejoindre la France. « On en parle entre nous, confie Yohan, auteur d’un triplé. Nous, on se plaint de ne pas pouvoir aller au McDo. Eux jamais, alors qu’ils ont marché des milliers de kilomètres pour venir chez nous. »


« Ce ne sont pas des clandestins »

 

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Créteil, ce mercredi. Le centre Miguel Estrella accueille 20 mineurs étrangers isolés. LP/C.L.

 

Donner une chance d’insertion sociale et professionnelle à une vingtaine de jeunes venus en France, souvent au terme d’un périple long de plusieurs milliers de kilomètres : telle est la mission de la maison d’accueil et accompagnement pour mineurs isolés étrangers de Créteil. Ou centre Miguel-Estrella.
Créée en 2012, cette structure propose un parcours sur deux ans. « La première année consiste en une remise à niveau, explique Emilie Pierard, directrice de l’établissement. Nous les aidons ensuite à définir un projet professionnel puis à trouver un patron pour l’année suivante. » Difficiles à convaincre, les chefs d’entreprises méconnaissent souvent la réglementation applicable aux mineurs étrangers. Une simple autorisation à travailler est nécessaire. « L’absence de pièce d’identité ou de titre de séjour [dont les mineurs sont exonérés] fait peur, reconnaît la responsable. Il y a tout un travail de pédagogie à faire. Ce ne sont pas des clandestins. »


650 mineurs étrangers isolés dans le Val-de-Marne


Le Val-de-Marne accueille actuellement près de 650 mineurs étrangers isolés ou jeunes majeurs. « Le département a réagi avec empathie et rigueur, tout en respectant les droits des mineurs », relève Pierre Henry, directeur général de France terre d’asile. A leur arrivée en France, ces jeunes étrangers font l’objet d’une évaluation de leur âge avant d’être répartis sur le territoire par une cellule dédiée de la Protection judiciaire de la jeunesse du ministère de la Justice. « Depuis deux ans nous avons créé 165 nouvelles places, se félicite Pascal Gonzalez, inspecteur de l’enfance au conseil départemental. Notre politique d’accueil est exponentielle, comme l’arrivée de ces jeunes. »

 

Par Le Parisien, le 12/04/2017