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Comment fonctionnera le « centre humanitaire » de Paris ?

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Le premier « centre humanitaire » pour migrants voulu par la maire de Paris, Anne Hidalgo a ouvert le 10 novembre, dans le 18ème arrondissement de Paris, sur le boulevard Ney (près de la porte de la Chapelle). La mairie de Paris avait annoncé en mai dernier l’ouverture à l’automne de deux centres humanitaires pour accueillir des migrants. Ce premier centre de transit, le plus important à l’échelle européenne, sera spécifiquement dédié aux hommes seuls. Le second, qui sera implanté à Ivry-sur-Seine dans le Val-de-Marne et ouvrira en janvier 2017, sera destiné aux femmes isolées et aux familles et aura une capacité d’accueil de 350 personnes.


Le centre de la Porte de la Chapelle est implanté sur d’anciens terrains de la SNCF et aura dans un premier temps une capacité d’accueil de 400 personnes. Elle devrait atteindre 600 places d’ici la fin 2016. L’idée est celle d’une mise à l’abri qui permette aux migrants d’être pris en charge sur le plan sanitaire et informés sur leurs droits, afin d’être réorientés. La ministre du Logement Emmanuelle Cosse, expliquait que des maraudes allaient permettre  « que les personnes arrivent jusqu’à ce camp, y restent le temps d’organiser leur départ en CAO et d’amorcer une réflexion sur leur devenir ».

Le coût d’investissement (6.5 millions d’euros) est financé par la ville de Paris à 80% et à 20% par l’État, et ils assureront conjointement les frais de fonctionnement, d’environ 13 millions d’euros. « Nous avons choisi des structures qui se montent et se démontent très vite », a expliqué l’architecte du centre de Paris, Julien Beller, car le terrain n’est disponible que pour dix-huit mois. Pour assurer en trois mois et demi la construction du site, trente entreprises et cent ouvriers par jour ont été mobilisés.  Le centre de la Porte de la Chapelle, qui devrait accueillir par jour entre 50 et 80 personnes, sera géré par 120 salariés, appuyés par 500 bénévoles. Le lieu sera divisé en différents pôles :


•    Une première évaluation sera réalisée dans une « immense bulle gonflable de 1000m² » par l’Ofii (Office français d’immigration et d’intégration), l’Ofpra et Emmaüs Solidarité (association mandatée pour gérer le site), et dans laquelle des conteneurs feront office de bureaux: ce pôle accueillera toute personne s’y présentant, femmes et enfants compris, et la réorientera selon sa situation déclarée (laquelle sera vérifiée ultérieurement), vers des Centres d’Hébergement d’Urgence (CHU), des Centres d’Accueil et d’Orientation (CAO), des Centres d’Accueil pour Demandeurs d’Asile (CADA) ou l’Aide Sociale à l’Enfance (À côté de cette bulle d’accueil, un autre bâtiment fera office de « pôle de soins », là aussi ouvert à tous: géré par le Samu Social et Médecins du Monde, des équipes médicales aidées d’interprètes permettront un bilan de santé physique et psychologique des personnes. Diagnostic, soins de première nécessité et kits d’hygiène seront fournis. Le mode d’accueil est donc inconditionnel, « il ne peut pas y avoir de concurrence des publics », a souligné Anne Hidalgo.


•    Enfin, au sein d’un vieil entrepôt de la SNCF également sur le site, un centre d’hébergement constitué de huit unités préfabriquées en bois accueille une cinquantaine de chambres de quatre lits équipées de prises électriques, un réfectoire (où seront servis aux résidents trois repas par jour), un vestiaire et une salle de repos. N’y seront hébergés que des hommes seuls, éligibles à déposer une demande d’asile, et ce pour une durée de 5 à 10 jours, avant qu’ils ne soient réorientés vers une structure adaptée. Pour Patrick Vieillescazes, chef de cabinet du préfet d’Île-de-France, l’idée est d’assurer « une rotation permanente pour éviter le campement sauvage ».


Des horaires d’ouverture seront définis et l’accès se fera grâce à une carte que chaque personne obtiendra à son entrée avec son nom. Emmaüs déclare vouloir en faire autant que possible un lieu accueillant et humain, notamment en y installant des espaces de loisirs. Des partenariats sont en cours avec des artistes et un chef cuisinier ; afin d’assurer le fonctionnement du centre, Emmaüs Solidarités a  recruté 200 travailleurs sociaux, des bénévoles, des traducteurs, des réfugiés statutaires. Pour Aurélie El Hassak-Marzorati, directrice générale adjointe d’Emmaüs France, « Ce doit être un lieu d'accueil, d'écoute et de communication. La pédagogie est l'un des grands enjeux du centre ».


Pour les pouvoirs publics, ce centre vise à mettre un terme à l’année de démantèlements et d’évacuations successifs, la dernière en date étant celle de Stalingrad où campaient jusqu’au 4 novembre dernier 3 852 migrants. Pourtant, des craintes demeurent sur la fluidité de ce centre censé être un lieu de transit, un « sas » et « non un lieu d’hébergement », selon les mots de Bruno Morel, directeur général d’Emmaüs Solidarité. Étant donné l’engorgement du système d’accueil à l’échelle nationale, il faudra que les places d’hébergement en CAO et en centres d’hébergement d’urgence pour demandeurs d’asile promises par les ministres de l’Intérieur et du Logement Bernard Cazeneuve et Emmanuelle Cosse soient en effet trouvées en temps et en heure.

 

France terre d'asile, 10/11/2016

 

Vous pouvez retrouver le communiqué d'Emmaüs Solidarité concernant le Centre Humanitaire, en cliquant ici.