fbpx
Main menu

Gurmit Singh, meilleur apprenti de France... et sans-papiers

Publié le : 08/03/2013

Gurmit Singh, un jeune Indien travaillant en France, vient d’obtenir la médaille d’or du Meilleur apprenti de France. Sans-papiers, il risque pourtant l’expulsion même s’il a réuni toutes les conditions pour être régularisé.


Gurmit Singh est ce qu’on peut appeler un véritable expert dans son domaine. A 20 ans, ce jeune homme d’origine indienne a reçu mercredi la médaille d'or du Meilleur apprenti de France dans la catégorie « peintre applicateur de revêtements », une partie assez complexe de la peinture en bâtiment. Malheureusement, il ne pourra pas en profiter : Gurmit Singh n’a pas de papiers.

Une circulaire pour simplifier les démarches

Arrivé en France en 2010, Gurmit Singh s'est formé sur le tas, puis a réussi à décrocher un contrat d'apprentissage avec la société Fil Déco. Après une semaine d'essai, Daniel Filipe, son patron, est conquis par le jeune homme : il veut en faire son bras droit dans l'entreprise, et le soutient à 100% dans ses démarches de régularisation. Un soutien d'autant plus précieux que Gurmit n'a pas de famille en France.
En novembre 2012, une circulaire de Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur, devait assouplir un peu les conditions d'obtention de papiers pour les étrangers, mais cela reste très compliqué pour les travailleurs : il faut résider sur le territoire depuis cinq ans et réunir huit mois de fiches de paie. Pour les jeunes, la durée est réduite à six mois de formation en continu.

« Je compte le garder le plus longtemps possible »

Pour Gurmit Singh, cette distinction est une chance d’être remarqué. Trop, peut-être. « Je suis inquiet, bien sûr, témoigne le jeune homme sur RMC. Parfois, il y a des contrôles, j’ai déjà été arrêté, on m’a gardé en prison 24 heures ».
Pour être régularisé, il lui faudrait au moins six mois de formation professionnelle. Gurmit Singh est apprenti depuis plus d'un an et va bientôt décrocher son CAP, mais n’a toujours pas réussi à obtenir ses papiers. Son patron, Daniel Filipe, craint qu’il ne soit expulsé : « Ce n’est pas facile pour lui, il ne peut pas prendre d’appartement, il doit vivre caché, alors qu’il a un contrat d’apprentissage. C’est quand même assez ahurissant ». D'autant qu’il compte aujourd’hui sur lui pour faire avancer l’entreprise : « Même par la suite, je compte sur lui pour être un peu mon bras droit et je compte le garder le plus longtemps possible ». Il envisage même de lui confier l’entreprise quand il partira à la retraite, reconnaît-il.

« Ça ne me surprend pas, hélas »

Pierre Henry, président de France Terre d'Asile, n’est pas étonné de la situation. Selon lui, la dernière circulaire qui devait assouplir les conditions de régularisation des sans-papiers est très inégalement appliquée dans les préfectures. « Ça ne me surprend pas, hélas, voilà exactement le domaine où il me semble que l’exécutif doit faire preuve de clarté, plaide-t-il. Le gouvernement actuel ne va pas assez loin et n’est pas assez courageux. Ces jeunes gens sont aussi l’avenir de notre nation, et dès lors qu’ils ont donné des signes extrêmement positifs avec des réussites extraordinaires, il n’y a pas à hésiter, il faut leur donner la possibilité de vivre normalement parmi nous ».
Gurmit Singh est loin d’être le premier dans cette situation. Avant lui, deux jeunes femmes Roms avaient obtenu le titre de meilleur apprenti, en 2010 et en 2011.