Le mal-logement n’en finit plus de s’aggraver en France. Le comité de suivi de l’application du droit au logement opposable (Dalo), cette possibilité de recours en justice offerte depuis quatre ans aux personnes qui cherchent en vain un toit décent, dresse un constat alarmant dans un rapport publié ce mercredi.

La file d’attente s’allonge : 27 500 ménages déclarés prioritaires par les tribunaux administratifs n’avaient toujours rien vu venir à fin juin 2011. C’est près de 5 000 de plus que six mois auparavant. D’autre part, les demandes d’hébergement augmentent. Elles représentent 15 % du total des recours, contre 7 % en 2008.

Le signe d’une “crise humanitaire”. Le rapport dénonce un Etat toujours plus “hors la loi”, qui préfère payer des astreintes – à lui-même, puisque les 9,3 millions d’euros auxquels il a été condamné en 2011 ont été reversés à un fonds régional d’aide au logement – , plutôt que d’appliquer le Dalo.


Dans certains départements, c’est l’alerte rouge. La Région Île-de-France concentre à elle seule 85 % des décisions de logement ou d’hébergement en souffrance. “Le Dalo ne marche finalement que dans les zones peu tendues”, constate Patrick Dourteligne, délégué général de la Fondation Abbé Pierre.

La faute à un manque de volonté politique : “Le problème originel de cette avancée législative majeure, c’est qu’elle n’a jamais eu les moyens de ses ambitions. Il aurait fallu relancer la construction de logements sociaux, mais il en manque toujours entre 500 000 et 900 000 aujourd’hui.”

Nous savions tous que ce n’est pas en trois jours que l’on réglerait la question”, a temporisé ce mercredi le secrétaire d’Etat au Logement, Benoist Apparu. Le comité de suivi du Dalo, de son côté, en appelle à Nicolas Sarkozy et aux candidats à la présidentielle.

La situation pourrait devenir encore plus pressante à partir du 1er janvier : le droit au Dalo, jusqu’ici réservé aux non ou mal-logés, sera également ouvert aux demandeurs de logements sociaux en attente depuis trop longtemps.

Métro, le 01/12/2011

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