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Plus de tolérance envers les immigrés

Publié le : 21/10/2010

Ban Ki-moon exhorte les Européens

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a exhorté les Européens à faire preuve de davantage de tolérance à l'égard de leurs immigrés, à l'occasion du 60e anniversaire de la Convention européenne des droits de l'Homme mardi à Strasbourg.

"Le défi européen du 21e siècle est - après avoir "gagné la paix" au siècle passé - celui de la tolérance à l'intérieur", a-t-il déclaré.

Le numéro un des Nations unies s'est exprimé dans deux discours distincts largement consacrés à ce thème, le premier au Conseil de l'Europe - organisation paneuropéenne regroupant 47 pays -, le deuxième au siège strasbourgeois du Parlement de l'UE des 27.

Il a déploré que la situation sur ce point ne se soit guère améliorée depuis la venue en 2003 de son prédécesseur devant les députés européens. Kofi Annan avait alors lancé "un appel passionné pour que l'Europe saisisse l'élan offert par l'immigration, et pour résister à ceux qui diabolisent ces nouveaux-venus comme 'l'autre'".

"J'aimerais pouvoir dire aujourd'hui que la situation en Europe s'est améliorée entre temps. Mais, en tant qu'ami de l'Europe, je partage une préoccupation profonde", a regretté M. Ban.

"Une tendance dangereuse est en train d'apparaître: certains jouent sur les peurs des gens", a-t-il poursuivi sous les applaudissements des eurodéputés.

"Ils accusent les immigrants de violer les valeurs européennes, alors que trop souvent ce sont les accusateurs qui subvertissent ces valeurs et donc l'idée même de ce que cela signifie d'être citoyen de l'Union européenne".

"Les chapitres les plus sombres de l'histoire de l'Europe ont été écrits avec un tel langage", a commenté M. Ban, relevant que "aujourd'hui, les cibles principales sont des immigrants de confession musulmane".

"L'Europe ne peut pas se permettre des stéréotypes qui ferment les esprits et nourrissent la haine. Et le monde ne peut pas se permettre une Europe qui fait cela", a-t-il poursuivi.

Un peu plus tôt, au siège du Conseil de l'Europe, le secrétaire général de l'ONU a déploré qu'une "anxiété croissante" dans les pays développés serve de "prétexte à des politiques de discrimination et d'exclusion".

"Dans bien des pays développés, immigration et récession économique suscitent une anxiété croissante, qui, de plus en plus, sert de prétexte à des politiques de discrimination et d'exclusion", a affirmé M. Ban.

Aujourd'hui, "le schisme entre l'Est et l'Ouest a été remplacé par une fracture de plus en plus marquée entre le Nord et le Sud. Les droits civils et politiques reculent, l'engagement en faveur du droit au développement social et économique manque de vigueur".

"Quand on parle de droits de l'Homme, il ne devrait y avoir aucune sélectivité. Les droits de l'Homme ne sont pas un menu dans lequel on peut picorer", a martelé M. Ban.

Le secrétaire général s'est félicité de l'initiative prise par le Conseil de l'Europe d'une réunion "à haut niveau" avec l'UE mercredi à Strasbourg pour "discuter de l'intégration des Roms en Europe".

Le secrétaire général du Conseil de l'Europe, Thorbjoern Jagland, a convenu qu'il restait "beaucoup de problèmes à régler" en matière de droits de l'Homme dans certains des 47 pays de cette organisation paneuropéenne, "et pas seulement dans les nouvelles démocraties". "Nous devons balayer devant notre propre porte", a-t-il conclu.

AFP, le 20/10/2010