Résonances : une exposition qui interroge notre rapport aux migrations

« Cette année, j’ai ressenti un surmenage face à tout ce qui se passe dans le monde. Ça me tire vers le bas, surtout dans les moments où je me sens plus vulnérable. À des moments où je profite et où je suis heureux, d’un coup je repense au contexte actuel et je me dissocie de l’instant présent. Il y a une forme de culpabilité. Puis, je me dis que j’ai les cartes en main : je milite sur plein de choses, et si je pouvais faire plus, je le ferais, mais j’apporte malgré tout ma petite pierre à l’édifice.»

« J’ai un souvenir de moi petite qui me revient souvent. Quand mon père rentrait du travail et que j’entendais la porte s’ouvrir, je sortais de la piscine en courant pour lui faire un câlin. Je revois encore les traces laissées par mes pieds mouillés sur le sol en terre cuite. Je suis très attachée aux souvenirs que j’ai pu me créer dans la maison de mes parents en Algérie. Ce sont mes souvenirs d’enfance, avant ce gros changement que j'ai vécu quand je suis venue m’installer ici. »

« Ma mère est l’une des personnes qui m’ont le plus marquée. Elle m’a élevée seule. J’ai eu une belle enfance, je n’ai manqué de rien. En grandissant, j’ai réalisé qu’elle n’était pas la superwoman que j’imaginais, elle avait aussi ses fragilités. Avec le recul, je comprends mieux tout ce qu’elle a dû porter. C’est un modèle pour moi. Quand on fait face à une situation inattendue, on puise en soi des ressources insoupçonnées. C’est cette force qu’elle m’a transmise et qui m’a le plus aidée dans ma vie.»

« Adolescente, je rêvais de devenir médecin. Puis, en terminale, j’ai eu une prof de philo qui nous a parlé de Freud, de psychologie, etc. C’est à ce moment-là que j’ai su que je voulais être psychologue. Je ne l’ai jamais revue et je ne la reconnaîtrais sans doute pas, mais elle a marqué mon parcours. Parfois, une conversation ou une rencontre suffit à nous faire changer notre regard et évoluer. Je pense que d’une certaine manière, on s'influence tous mutuellement.»

« À Paris, je me sens libre, surtout aux Champs-Élysées. Tous mes proches savent que quand je m’y promène, j’oublie tout mon stress. Quand j’ai demandé l’asile, je me posais mille questions : est-ce que je vais être protégée ? Est-ce que je vais pouvoir vivre avec mes enfants ? Est-ce que je vais devoir retourner dans mon pays, alors que ma vie y est menacée ? Aujourd’hui, j’ai retrouvé mes enfants. J’aimerais leur offrir un bel avenir et les voir avancer dans leur vie. Je suis fière de toutes les mamans du monde.»

« Quand je me suis engagé en politique, j’étais jeune et plein d’énergie. J’ai manifesté, j’ai été arrêté. Je ne savais pas pour combien de temps. Je rêvais de devenir avocat pour défendre les prisonniers politiques sahraouis, et finalement, j'en suis devenu un. Je me suis installé en France, j’ai un travail, je suis bien entouré. Certains diront que j’ai réussi ma vie et que je devrais tourner la page. Moi, je veux seulement que mon pays et mon peuple soient libres, loin du danger et de l’oppression.»

« J’ai dû tout recommencer : laisser derrière moi mes réussites, mes amis, ma langue maternelle. À 24 ans, je suis repartie de zéro, dans un monde où tout m’était inconnu. Parfois, j’ai l’impression qu’une partie de moi s’est effacée. Mais je garde l’espoir de trouver ma place, de me sentir libre et indépendante. Pour moi, me sentir chez moi, ce serait pouvoir choisir où vivre, où travailler, quoi étudier. Mon cri pour le monde : arrêtez la guerre.»

« Depuis tout petit, j’aime construire. Je me souviens encore de la petite cabane que j’avais fabriquée avec du bois et tout ce que je trouvais autour de moi. Quand j’ai choisi mon métier, l’architecture était une évidence. C’est bien plus qu’un métier pour moi. À mon arrivée à Paris, je voulais absolument voir l’Arc de Triomphe. C'était un moment très symbolique. Aujourd’hui, ce qui me rend heureux au quotidien, c’est de me balader à la découverte des bâtiments et des histoires qu’ils racontent.»

« Quand je suis stressé, je lis et j'écris. Lire m'aide à me changer les idées, à trouver un moment de calme. Pour moi, les livres, c'est un peu comme un médicament. Écrire m’aide à réfléchir sur moi-même. Ce que j’écris porte souvent des messages, sur le destin, le passé, l’amour… Je pense que chacun de nous a quelque chose d’unique à transmettre. Écrire un roman, pour moi, c’est comme construire une maison. Quand j’ai fini d’écrire, je me dis : voilà, c’est chez moi.»

« Je peins depuis que je suis toute petite, c’est un besoin presque physique. Si je ne peins pas, beaucoup d'idées restent dans ma tête. Sans la peinture, je me sentirais vraiment mal. À travers mes œuvres, j’essaie de transmettre de la joie et d'amener chacun à se questionner sur le monde. Je crois que l'art est quelque chose de révolutionnaire : il nous permet de dévoiler notre personnalité. En regardant une œuvre, on peut ressentir l’état d’esprit de l’artiste, sa sensibilité - et une connexion se crée.»

« Au début de ma retraite, c’était un peu compliqué. C’était le Covid, il y a plein de choses que je n’ai pas pu commencer, même si je ne garde pas un mauvais souvenir de cette période : je lisais beaucoup et j’étais en contact avec mes amis par téléphone ou les réseaux sociaux. Pour certains, c'était beaucoup plus difficile. Je ne pense pas que ma vie va être bouleversée dans les années à venir. Ce qui m’inquiète, ce sont les changements politiques en France et dans le monde et aussi l'absence de volonté pour anticiper le changement climatique.»