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Un Yéménite réfugié avec sa famille à Caen

Publié le : 17/06/2011

Hamid Oqabi, journaliste et cinéaste, réfugié politique de 38 ans, vit dans le quartier du Chemin-Vert avec son épouse et ses trois enfants. Il suit quotidiennement les événements dans son pays.

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Hamid Oqabi, avec ses trois enfants, dans leur appartement situé dans le quartier du Chemin-Vert.

 

Témoignage

Ils vivent dans le quartier du Chemin-Vert depuis mars. Réfugié politique, Hamid Oqabi, 38 ans, Karema, son épouse, 29 ans, et leurs trois garçons, Kadem, Samer et Abdul-Aziz, viennent du Yémen.

Début 2011, ce pays arabe situé à la pointe sud-ouest de la péninsule d'Arabie connaît un mouvement de contestation de grande ampleur à Sanaa, la capitale, et dans plusieurs autres villes. La révolte yéménite s'inspire des précédents algériens, tunisiens et égyptiens : les manifestants réclament la démocratie, la fin de la corruption du Congrès général du peuple, de meilleures conditions de vie et le départ du président Ali Abdullah Saleh, réfugié et hospitalisé en Arabie Saoudite depuis le 4 juin. Les protestations ont par la suite dégénéré en révolte suite à l'insurrection de combattants tribaux.

« Cela fait quatre mois que les gens sont dans la rue. C'est la même problématique qu'en Tunisie, avec une famille au pouvoir depuis près de 33 ans. Il existe des souffrances. Les questions de vie quotidienne, d'éducation, de santé... c'est misérable. » Hamid Oqabi, cinéaste et journaliste, connaît Caen depuis dix ans. « J'y ai étudié le cinéma à la faculté : j'ai obtenu un master 2. Puis, j'ai pas mal voyagé. »

« Je sers mon pays »

En parallèle à la réalisation de trois courts métrages, le spécialiste du cinéma de poésie écrit des articles dans les journaux yéménites. L'an dernier, alors doctorant à l'université de Caen, l'étudiant se voit menacé par une fatwa, condamnation à mort prononcée par des religieux.

Dans sa critique d'Hina Maysara, film égyptien de Khaled Youssef, publiée le 21 mars dans le journal yéménite Al Taqafiah, il défend les homosexuels comme faisant partie intégrante de la société. « Le problème, là-bas au Yémen, est que la religion est très proche du pouvoir : la société religieuse contrôle la société... Je ne suis pas retourné dans mon pays depuis. »

Soutenu par de nombreuses associations, il obtient l'asile politique en septembre et fait venir sa famille en février, en France. « J'habitais dans le quartier de la Guérinière. Nous avons déménagé ici. Mes enfants âgés de 7, 9 et 10 ans vont à l'école Authie-Sud... Nous avons toujours notre maison là-bas, du côté de la mer Rouge. »

La famille Oqabi suit l'actualité sur la chaîne Al-Jazira. Hamid vit la révolution yéménite de loin, mais reste en contact avec des amis grâce à Internet. Et continue d'écrire sur la situation au Yémen. « Je suis là mais je sers mon pays. Je suis en relation avec un quotidien écrit en arabe et publié à Londres, Al-Quds Al-Arabi. »

Le Yémen se trouve dans une période de transition, « très difficile pour les Yéménites. Le mouvement politique est toujours faible. Le risque reste la guerre civile dirigée par un mouvement religieux. On ne perd pas espoir mais on va avoir besoin de temps. Notre but, c'est la liberté. Ce mouvement ne va pas s'éteindre. Tout est possible. »

Ouest-France, le 16/06/2011