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Ils écrivent (et parlent) leur avenir en français

Publié le : 21/11/2016

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Il y a neuf mois que Marwan s'est installé en France. Âgé de 25 ans et d'origine égyptienne, le jeune homme venait alors tout juste de décrocher son diplôme de dentiste au Caire. Le début d'une nouvelle vie, à reconstruire ici, au côté de son épouse française et dans une nouvelle langue dont il ne baragouinait jusque-là que quelques mots. A ses côtés, Joao, lui, semble avoir parlé cette langue réputée si difficile toute sa vie. L'étudiant portugais de 32 ans est arrivé en France il y a deux ans, avec un diplôme en ingénierie de l'environnement qui lui a permis de trouver un travail au bout d'un an et demi, dans le social. Les deux jeunes hommes, forts d'un bagage universitaire conséquent, ont aussi en commun les bancs de la salle de classe qu'ils ont usé pour apprendre la langue de leur nouveau pays. « Pour se socialiser, se faire un réseau, aussi, ajoute Joao. Aujourd'hui, ce n'est pas une obligation, mais un plaisir de venir tous les lundis. »

 

" Le français, c'est bien compliqué ! "

Ce lundi-là, à leurs côtés, nous avons aussi rencontré Ahmel, la Française d'origine marocaine en quête d'assurance dans sa nouvelle vie, Rahmi, le professeur de langue et culture d'origine (Elco) turc arrivé il y a deux ans à Romorantin, ou encore Elizabeth et Elaine, respectivement écossaise et anglaise. Pendant un peu plus de deux heures, le petit groupe de 12 sur 14 inscrits à la séance du lundi matin, si métissé et culturellement bigarré, a échangé dans la langue de Molière avec une aisance finalement impressionnante. « C'est le groupe des apprenants les plus avancés », nous avaient prévenu en amont les responsables du centre Saint-Exupéry. 

Entre deux conjugaisons capricieuses, Elaine, une retraitée anglaise de l'enseignement nous glisse quand même que « le français, c'est bien compliqué ! », sans pour autant se départir de sa farouche détermination de venir à bout de son exercice sur le conditionnel. « J'habite ici, en France, et pour moi c'est très important de m'intégrer », conclura Elaine, même sans enjeu professionnel.

Ce qui n'est pas tout à fait le cas de Massan, d'origine togolaise et en France depuis de nombreuses années. Elle, a poussé la porte du centre avec l'envie de se perfectionner à l'approche de sa formation d'agent de loisirs prévue à partir de janvier. Dans l'assemblée, plus discrètes, quelques femmes sont aussi là pour pouvoir aider leurs enfants dans les devoirs. Certains jours de la semaine, l'espace Saint-Exupéry accueille des familles du Centre d'accueil des demandeurs d'asile (Cada), accompagnées par France terre d'asile dans leur demande de statut de réfugié. « Depuis quelques années, on voit également un nouveau public de médecins roumains qui viennent ici se familiariser avec la langue », complète Myriam Gounia qui pilote le programme depuis plusieurs années. 

Alors que le temps file au gré des exercices, des lectures de rédaction et des échanges oraux, John, l'Anglais de l'assemblée lance la question d'actualité qui vient traditionnellement ponctuer la matinée : « Que pensez-vous de l'élection de Trump aux États-Unis ? » Les avis fusent, les visions aussi et puis l'échange se recentre finalement sur la France et ses élections à venir… Aucun doute, la France et sa langue sont leur nouveau point commun. Que certains ont déjà décidé de pousser plus loin en s'investissant à leur tour en tant que bénévoles. Comme Massan, déjà engagée dans le théâtre ou la cuisine et Elaine, qui donne des cours d'anglais, Joao a décidé de faire ses premiers pas dans le réseau d'échange des savoirs. Encore un beau symbole.


La Nouvelle République, le 18/11/2016