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« C’était comme une prison »

Publié le : 16/01/2014

L’histoire de Kambale, 44 ans, Angolais vivant en Hongrie


« Cela fait maintenant 12 ans mais je n’ai pourtant toujours pas trouvé ma place. »

kambale

Kambale 44 ans a fui la guerre civile en Angola pour le pays voisin la République Démocratique du Congo. À la fin de la guerre il n’a pas pu retourner dans son pays d’origine car les autorités ne l’ont pas reconnu comme un citoyen angolais. Il est aujourd’hui considéré comme non-éloignable car l’ambassade de l’Angola ne permet pas son retour, il a été détenu pendant 6 mois.

Des années d’incertitudes   

Quand la police m’a arrêté je n’étais pas seul, il y avait beaucoup d’autres personnes, c’était il y a longtemps, en avril 2001 et je n’avais rien en ma possession. J’ai fais une demande pour bénéficier du statut de demandeur d’asile mais ça n’a pas abouti.
La vie dans le centre de détention de Nyírbátor était horrible, c’était comme une prison, et vous savez en prison ce n’est jamais très bien. Pas seulement en Hongrie, dans tous les pays c’est pareil, une prison reste une prison. Le problème c’est la langue, en 2001 je ne parlais pas hongrois et les officiers de polices nous provoquaient souvent pendant les soirées.
Lorsque j’ai été relâché je suis retourné dans le camp de demandeurs d’asile de Debrecen. Là-bas, des officiers de l’émigration nous ont interrogé et ils m’ont dit que je pourrai bénéficier d’un statut de résidant toléré pour une période de 2 ans un « befogadott ». J’ai alors commencé a cherché un emploi et j’ai pu travailler. Pendant ces 12 dernières années en Hongrie j’ai beaucoup travaillé, j’ai du travailler pendant environs 8 ans. Puis, j’ai déménagé seul à Budapest où j’ai cherché un emploi et un appartement à louer, quelque chose de nouveau a alors commencé pour moi, j’ai pu travailler et payer un loyer.
Je suis ensuite retourné a Debrecen, c’était il y a très très longtemps, là-bas j’ai habité chez ma copine, elle était hongroise. Lorsqu’elle a rompu avec moi je ne pouvais pas retourner ni au camp de Debrecen ni à celui de Bicske, le seul endroit ou je pouvais retourner c’était Balassagyarmat [un camp ouvert pour les non-éloignables]. Ils m’ont alors amené là-bas et puis ca a été tout.

Être non-éloignable

Je ne dis pas que je veux rentrer, mais le bureau de l’immigration le veut. Ici en Hongrie nous avons une ambassade, j’ai donc essayé de les contacter mais ca n’a pas marché. Qu’est ce que je pourrais faire de plus ? Je peux aller au Consul tous les jours pour leur demander de faire quelque chose mais si ils m’ont dit que je ne peux pas rentrer alors je ne peux pas. Je ne suis pas congolais, je suis angolais.

12 ans en Hongrie et toujours aucunes perspectives

Je n’ai pas souhaité rester ici en Hongrie, je pensais pouvoir aller en Allemagne ou ailleurs en Europe, mais je n’ai pas réussi. Maintenant, cela fait 12 ans et vous voyez, je n’ai toujours pas pu trouver ma place et je n’ai rien ici, pas d’enfants, pas de maison, pas d’argent. 12 ans. Les autres ont des maisons, des emplois et aussi des familles, il est possible de trouver du travail ici en Hongrie, il y a beaucoup de postes. Le seul problème est qu’il faut une carte d’identité, une adresse déclarée, carte d’assurance sociale, des relevés d’impôts et tout ça est nécessaire pour trouver un emploi.
Vous savez, au camp on ne fait que dormir et manger, d’accord la nourriture c’est important mais c’est aussi important de pouvoir travailler. Je passe mon temps ici, assis, je marche un peu et puis je vais me coucher, il y a aussi internet, mais ce n’est pas bon de faire que ca.
12 ans, vous savez ce que c’est ? 12 ans, pas 12 mois ou 12 jours, 12 ans ! Ce n’est pas une blague, 12 ans. Quand un enfant né, 1 jour, 1 ans c’est important n’est ce pas ? Alors 12 ans… et vous comprenez, ce n’est pas mon fils ou ma fille, je n’ai pas d’enfants.

27/04/2001 – arrivée à la frontière hongroise par l’Ukraine – demande d’asile, vit dans un centre ouvert (à Debrecen) pendant la procédure de demande d’asile.
2002 – sa demande d’asile est refusée, retenu en détention pendant 6 mois.
2003 – conflit avec un policier – emprisoné pendant 300 jours car il n’était pas en mesure de payer l’amende de 30 000 HUF. Seconde demande d’asile, il obtient un permis de résidence provisoire pour 2 ans qui sera renouvellé à plusieurs reprises.
2003/2009 – vit a in Székesfehérvár, Budapest, trouve un emploi permanent et passe un permis poid lourd.
2009 – son statut temporaire expire, il retourne alors dans le centre ouvert de Debrecen.
2010 – déménage chez sa copine où il reste 1 ans.
2011 – vit dans le centre communautaire ouvert de Balassagyarmat.
2012 – fuite en Autriche ou il fait une demande d’asile, détenu pendant 10 jours.
2012 – retour en Hongrie a Balassagyarmat, sous le règlement Dublin II.

12 ans en Hongrie
Toujours sans papiers et non-éloignable pour des raisons administratives.

Pour en savoir plus: