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"J’ai peur ; peur que la police m’arrête à nouveau"

Publié le : 15/01/2014

L’histoire de Tareq, iraquien de 27 ans vivant en Belgique

“Enfermé ou dans les rues – il n’y a pas tellement de différence.”

 

TAREQ

 


Tareq a du quitter l’Irak à cause du danger qui régnait dans sa région. Sa demande d'asile a été rejetée parce que la situation de cette région d'Irak n'est alors pas jugé suffisamment dangereuse.
Il a été pour la suite arrêté à deux reprises, mais faute de passeport valide, son rapatriement en Irak est impossible. La seconde fois, Tareq est arrêté parce que le bureau de l’immigration le pensait turc, alors qu’au cours de sa procédure d’asile son identité n’avait pourtant fait l’objet d’aucun doute. Il est libéré après que sa nationalité irakienne ait été confirmée. Six ans après son arrivé en Belgique il est toujours sans papiers, dépendant du revenu de sa petite-amie et sans espoir en l’avenir.

 

D’Irak vers un centre de détention belge.

Tareq : Je suis arrivé en Belgique en 2007, il y a maintenant six ans. En Irak, je vivais près de Kirkuk ; nous avions énormément de problèmes là-bas.  Les Shiites et les Sunnites, la population kurde… beaucoup de gens sont mort. J’ai demandé l’asile deux jours après mon arrivée, mais ma demande a été rejetée car ils n’ont pas cru mon histoire. Ils ont dit que la situation au Nord n’était pas dangereuse lorsque j’ai quitté l’Iraq. Mon avocat a alors formé un recours qui fut par la suite rejeté. Quand j’ai demandé asile une deuxième fois, j’ai été envoyé en centre de rétention. À ce moment là, ils ont essayé de me renvoyer en Iraq, mais comme je ne possédais pas de passeport valide je ne pouvais être renvoyé nulle part.


La vie en détention

Le centre de rétention était vraiment sale. Il était petit et l’équipe de sécurité ne venait jamais nous parler. Les gens se méprisaient les uns les autres. Il y avait beaucoup disputes, beaucoup de bagarres. Mais c’est ce qu’il se passe lorsque vous placer trop de personnes ensemble. Là-bas, c’était difficile pour moi parce que je ne pouvais parler à personne ; Personne ne parlait néerlandais, pas mêmes les assistants sociaux. Je ne savais jamais ce qui se passait. Je suis resté au centre environ trois mois, et un jour ils m’ont dit d’un coup « tu es libre de partir ». J’ai demandé aux assistants sociaux où j’étais sensé aller, où j’étais sensé dormir, mais ils m’ont répondu qu’ils ne pouvaient pas m’aider.


J’ai fini par vivre avec des amis pendants plusieurs années. Heureusement ils prirent grand soin de moi. Je ne pouvais pas travailler parce que je n’avais pas de papiers – je ne pouvais rien faire. Puis, il y a 3 ans j’ai rencontré ma petite-amie, elle est belge. Je vis avec elle maintenant. Vers fin 2012, j’ai étais arrêté dans la rue par la police après qu’ils m’aient demandé mes papiers d’identité. Je ne comprenais pas pourquoi ; je n’avais rien fait de mal. Ils m’ont envoyés dans un autre centre de rétention qui était mieux que le premier. Les assistants sociaux parlaient néerlandais ; je pouvais leurs demander des nouvelles à propos de mon cas – ce que je fis chaque jour !


Cinq semaines plus tard, je fus relâché. Apparemment, ils avaient contacté l’ambassade de Turquie car ils ne voulaient pas croire que j’étais iraquien. L’ambassade de Turquie leur a dit que je n’étais pas turque, l’ambassade d’Iraq confirma que j’étais iraquien mais refusa de me rapatrier.


Assurer son avenir …

La petite-amie: L’avocat de Tareq va à nouveau demander sa régularisation. Ce sera la quatrième fois ; les autres demandes ont toutes étaient rejetées car il n’avait pas de passeport valide. On projette également de s’installer « légalement » ensemble, mais pour ça je dois d’abord attendre d’avoir 21 ans.  Comme il vit déjà avec moi, ils ne peuvent juste pas le renvoyer. Si notre vie commune pouvait être reconnue légalement, il aurait alors la possibilité d’obtenir un titre de séjour.


… et vivre dans la peur

Tareq: Mais pour faire tout cela, j’ai besoin d’un passeport valide. J’ai contacté l’ambassade d’Iraq à Bruxelles mais ils ne veulent pas m’en donner un. J’ai peur ; peur que la police m’arrête à nouveau. Je ne peux pas retourner en Iraq. Ma situation est trop problématique là-bas. Je souhaiterais pouvoir y retourner mais je ne peux pas. C’est dur de vivre ici sans papiers… enfermé ou dans les rues, il n’y a pas de différence. Cela fait maintenant six ans et je ne peux encore et toujours rien faire. J’ai tout perdu – mais à quoi bon ?


2007 - Arrivé en Belgique
2008 - Demande d’asile rejeté
             2nd Demande d’asile rejeté, en détention pendant trois mois.
2009 - 2ème Demande de régularisation rejetée
2010 - Rencontre de sa petite amie
2012 - 3ème Demande de régularisation rejeté
             Arrêté dans un magasin et placé en détention
             Relâché un mois plus tard car le retour forcé en Iraq est impossible.

 

6 ans en Belgique,
Toujours sans papiers et impossible à renvoyé en Iraq pour des raisons administratives.

 

Pour en savoir plus: