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Binationalité - Faut-il la supprimer ?

Marine Le Pen estime que les Français qui disposent d’une double nationalité doivent “choisir leur allégeance : la France ou un autre pays”. Si cette idée n’est pas nouvelle à droite, elle suscite l’indignation à gauche. Un million de Français de l’étranger seraient concernés

Marine Le Pen a adressé mercredi une lettre à tous les députés, afin de leur demander d’abroger la double nationalité. Selon elle, “les récentes révolutions qui ont secoué le monde arabe, au-delà du désir de liberté, ont révélé des difficultés liées au problème de la double nationalité en France. La multiplicité des appartenances à d’autres nations contribue, affirme-t-elle, à affaiblir l’acceptation d’une communauté de destin, et par là-même à miner les fondements de l’action de l’Etat”. En présentant la double nationalité comme “un puissant frein à l’assimilation des Français issus de l’immigration” la présidente du Front National souhaite reprendre l’initiative.

Le PC dénonce un “apartheid”

Selon le parti Communiste, “la droite et l’extrême-droite, pour qui il y aurait des Français plus Français que d’autres, réinventent le système d’apartheid”. Le Parti socialiste s’indigne également contre une telle mesure. Le socialiste Manuel Valls, qui préside la mission parlementaire d’information sur le droit à la nationalité, estime “contre-productif” de vouloir supprimer la binationalité, “les binationaux à l’étranger étant autant d’ambassadeurs de la France”. Patrick Lozès, Fondateur du CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires de France) s’interroge : “Faut-il vraiment que la France ait si peu confiance en elle pour avoir si peur de la binationalité ?
La peur de l’autre est-ce vraiment-là le grand dessein que certains proposent à la France aujourd’hui ?”. « Si on pouvait arrêter ce débat permanent autour de l’origine des personnes, on rendrait un grand service au ’bien-vivre ensemble’ », renchérit pour sa part le directeur général de France Terre d’Asile, Pierre Henry.

Une thématique qui fait débat à droite

Lors du projet de loi sur l’immigration, en septembre 2010, un amendement sur la fin de la binationalité avait été déposé par plusieurs députés de la majorité. Il stipulait que « l’acquisition de la nationalité française soit subordonnée à la répudiation de toute autre nationalité ». Cet amendement aurait été retiré pour ne pas “embarrasser” le gouvernement.

Dans un entretien à La Croix réalisé au début du mois de mai, Claude Goasguen, rapporteur UMP de la mission d’information sur le droit de la nationalité estimait « sans doute 4 à 5 millions » le nombre de bi-nationaux en France. Pour lui, une solution serait bien de “limiter” les cas de binationalité, ou tout du moins diminuer les droits politiques des binationaux, invitant les “intéressés à choisir”. D’après Christian Vanneste, député UMP du Nord, le Président Sarkozy lui-même “serait tout à fait favorable à aller loin dans la réforme de la nationalité”. Pour Henri Guaino, conseiller spécial du président, il “n’est pas illégitime de discuter de cette question et de savoir comment il est possible d’avoir une double fidélité”. En revanche, la ministre de l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, assure que le FN “préconise la suppression de la binationalité sans jamais rappeler que certains binationaux ne peuvent pas répudier leur nationalité d’origine”. Loin de faire l’unanimité, la question de la binationalité reviendra sur le devant de la scène politique début juillet, lors de la convention de l’UMP sur l’immigration et l’intégration.

Les Français de l’étranger concernés

De nombreux Français de l’étranger sont des binationaux. Ils représenteraient la moitié des deux millions d’électeurs qui éliront pour la première fois onze députés en 2012. Cette question trouve donc un écho particulier chez les candidats. Thierry Mariani, secrétaire d’Etat aux transports, et candidat sur la 11e circonscription des Français de l’étranger est opposé à cette réforme : « Limiter le droit de vote des binationaux, à titre personnel, je trouve ça choquant. D’autant que la plupart ne votent que dans un seul pays et que les mariages mixtes se multiplient ».
 Pour le parti présidentiel, qui espère emporter neuf de ces onze nouveaux sièges, une réforme de la binationalité peut s’avérer être à double tranchant. 
 MPP (www.lepetitjournal.com) vendredi 3 juin 2011

Armées.com, le 3/06/2011