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Des mineurs isolés étrangers: volontaires à une opération de nettoyage du litoral

Ouest-France - « Nettoyer la plage, c'est mieux que le cinéma »

Accompagnés par un service de l'association France terre d'asile, douze jeunes étrangers ont participé, samedi, à Hermanville, à l'opération européenne de nettoyage du littoral.

Reportage

« C'est la première fois que je vois la mer. » Originaire du Sud de la Chine, Handaa, 16 ans, observe les flots gris. « C'est joli », lâche la jeune fille, arrivée en France depuis deux mois. Un peu surprise par l'air iodé, elle en inspire une grande bouffée. Samedi après-midi, à Hermanville-sur-Mer, 12 jeunes accompagnés par le Service d'accueil pour mineurs isolés étrangers (Samie, association France terre d'asile) ont participé à une opération de nettoyage du littoral. Comme des centaines d'autres bénévoles en Europe, à l'initiative de la Surfrider foundation.

Sacs poubelle à la main, ils arpentent la plage de la Brèche. « On a proposé de prendre part à cette opération pour sensibiliser les jeunes à l'écologie. Douze se sont portés volontaires, ce qui constituait notre objectif. Ils auraient pu rester à Caen, sortir mais ils ont préféré être là », explique Marion Bazin, intervenante sociale au Samie. Ce service s'occupe de mineurs arrivés seuls en France, demandeurs d'asile. Il les suit jusqu'à l'âge de 21 ans.

« Donner, se sentir utiles »

Actuellement, ils sont 70 dans le Calvados, confiés par le conseil général après examen de leur situation. « On les accompagne dans leur vie quotidienne : logement, vêtements, nourriture et dans leurs démarches administratives. » En semaine, ils suivent des cours. Les week-ends, des animations sont organisées (tapisserie de Bayeux, musée du Débarquement, Mémorial de Caen...) ou des loisirs. « Ils reçoivent beaucoup mais veulent aussi donner, se sentir utiles en retour », souligne Marion Bazin.

Xhevahir, Albanais de 18 ans, résume l'objectif de samedi : « Que la plage soit propre. » Handaa reprend : « Aller au cinéma, c'est bien. Mais sur cette plage, ce qu'on fait est bon pour la nature. C'est plus important. » Elle poursuit : « Beaucoup d'images montrent une nature abîmée. Il faut sauvegarder les lieux encore préservés. » Comme elle, Ruhollah, un Afghan de 18 ans, veut   « aider ». Idem pour Mariama, même âge mais originaire de la Sierra Leone : « Quand les gens arrivent sur une plage, il est important qu'ils voient un environnement propre. »

Sacs plastique et mégots

En fait, avant même l'arrivée des bénévoles, la plage d'Hermanville n'était guère sale. On retrouve quand même « un peu de tout : sacs plastique, mégots, etc. » décrit Sory, 17 ans. Né en Guinée Conakry, il est arrivé en France en janvier. Également Guinéen, Abdoul Rahim, 18 ans, a lui aussi « plaisir à être là ». Il rebondit : « Si on ne les ramasse pas, plastique et verre peuvent mettre des années à se détruire, tuer des poissons. » La tâche n'est-elle pas un brin fastidieuse ? « Ce n'est ni ennuyeux, ni fatigant. »

Au contraire, comme l'exprime Mariama : « Je n'étais jamais allée sur les plages normandes. C'est pourquoi je voulais être là aujourd'hui. » Après cet après-midi sur le littoral du Calvados, les jeunes bénévoles devaient assister, hier dimanche, à une projection d'Océans, le film de Jacques Perrin.

Par Virginie JAMIN

Ouest-France, le 22/03/2010