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À Calais, la situation des migrants reste tendue

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Malgré l’ouverture de deux centres dans la région, plusieurs centaines de migrants vivent toujours à Calais.

Les associations envisagent de saisir à nouveau la justice si les autorités ne mettent pas en place des douches accessibles à tous les exilés.

 

La question des migrants à Calais ne s’est guère améliorée pendant l’été. Si, début août, Gérard Collomb, le ministre de l’intérieur, estimait à 350 le nombre de migrants sur place, selon les associations, ils seraient toujours entre 500 et 650, dont une centaine de mineurs. « À la mi-août, nous en avions compté près de 750 personnes, en quasi-totalité des Afghans, des Érythréens et des Éthiopiens, explique François Guennoc, de l’Auberge des Migrants, qui précise que « depuis, il y a eu une petite baisse, sans doute à cause de la météo, ou des bagarres ».

 

Dans la nuit du 21 au 22 août, à la suite d’une dispute entre un Érythréen et un Afghan, plusieurs rixes ont opposé jusqu’à 150 migrants, faisant une vingtaine de blessés. Par ailleurs, deux mineurs Érythréens ont été écroués jeudi 25 août pour une tentative de viol sur une jeune fille de même nationalité. Enfin, samedi 2 septembre, une cinquantaine de migrants ont profité d’embouteillages formés sur la rocade portuaire pour tenter de monter dans des camions en partance pour l’Angleterre.

La situation reste donc tendue, malgré quelques évolutions.


Ouverture de deux centres dans le Calaisis

En particulier, le 8 août, deux « centres d’accueil et d’examen des situations », dont la création avait été annoncée par le ministère de l’intérieur le 31 juillet, ont effectivement ouvert dans la région, à Bailleul et Troisvaux. « Il y a une dizaine de jours, on nous a dit, de mémoire, que près 90 migrants y avaient été accueillis », dont une soixantaine ont eu accès à une demande d’asile, estime Vincent de Coninck, chargé de mission au Secours catholique. Une trentaine de personnes seraient cependant déjà reparties dans la nature, notamment des migrants « dublinés », qui ayant leurs empreintes enregistrées dans un autre pays, sont censés demander l’asile dans ce pays et pas en France, conformément au règlement Dublin.


Les distributions de repas se font sans entraves

Surtout, la décision du Conseil d’État du 31 juillet, semble avoir infléchi les choses. Ce jour-là avaient été rejetés les appels de la préfecture et de la mairie de Calais contre la décision du tribunal administratif du 27 juin les sommant de respecter les droits fondamentaux des migrants.

Depuis, les distributions associatives de repas ne semblent plus être entravées par les forces de l’ordre, comme c’était le cas en juin. « En revanche, les pressions policières sur les migrants n’ont pas cessé, nuance Vincent de Coninck, j’ai encore assisté à trois interventions où les affaires personnelles ont été jetées à la déchetterie. Et jeudi matin, quatre témoins ont assisté à un gazage dans le visage. » Saisie à la demande de l’Élysée pour enquêter sur les accusations de violences policières, l’IGPN, la police des polices, est attendue sur place mardi 5 septembre.

Reste le dossier de l’accès à l’hygiène. Le 31 juillet, le Conseil d’État avait confirmé l’obligation pour les autorités de créer plusieurs dispositifs d’accès à l’eau,permettant aux migrants de boire, de se laver et d’aller aux toilettes.

Alors que la maire de Calais Natacha Bouchart avait carrément indiqué qu’elle n’appliquerait pas cette décision, la préfecture du Pas-de-Calais a annoncé à la mi-août la mise en place de points d’eau et de toilettes sur un site du Secours catholique en périphérie de Calais, ainsi qu’un dispositif de latrines et de points d’eau installés sur des véhicules mobiles.

Toutefois, déplore François Guenoc, « les douches promises, elles, ne sont toujours pas là ». Précisément, indiquait la préfecture le 16 août, « un dispositif d’accès aux douches existe déjà pour les personnes les plus vulnérables », à savoir les personnes malades, les femmes et les enfants, au sein de l’hôpital de Calais. « En gros, il faut avoir la gale pour pouvoir se laver », commente Vincent de Coninck. Pour le reste, ajoute-t-il, « il y a une rampe de dix robinets situés à 40 cm du sol où les gens pataugent dans la boue, ça ne peut pas s’apparenter à une douche ».


Les associations prêtes à remonter au créneau à propos des douches

Les associations sont donc prêtes à remonter au créneau concernant l’accès à l’hygiène. Le 28 août, douze d’entre elles ont écrit au préfet pour le lui dire. Depuis, « on nous a dit oralement que le dispositif pourrait évoluer mais pour l’instant rien ne bouge », reprend Vincent de Coninck. Les associations envisagent donc de ressaisir rapidement le conseil d’État « pour qu’il précise sa décision, qu’il prenne une mesure d’exécution, et qu’il augmente l’astreinte si rien ne bouge ».

En attendant, l’Auberge des migrants fait circuler des douches mobiles bricolées. « On fait chauffer l’eau au soleil dans des sacs plastiques noirs et les gens se douchent sous des bâches fixées à un camion par des arceaux », détaille François Guennoc. De plus, depuis la mi-août, Vincent de Coninck invite les internautes à lui envoyer des photos humoristiques d’eux prenant une douche avec une pancarte : « Je m’appelle X et je viens prendre ma douche à Calais ». Il s’agit, explique-t-il, de « tourner en dérision l’idée selon laquelle les douches provoqueraient un appel d’air ».

 

Par La Croix, le 03/09/2017