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Pierre Henry : « Salvini a gagné, il n’y a plus de bateau en Méditerranée pour sauver des vies »

Publié le : 18/12/2018

regards

Aujourd’hui, c’est la journée internationale des migrants. L’occasion de faire le point sur les effets de la loi asile et immigration, quelques mois seulement après sa promulgation. Pour en parler, le directeur général de France terre d’asile, est l’invité de #LaMidinale.

 


VERBATIM

 

 Sur les effets de la loi asile et immigration
« Il y a une tradition bien française qui est de légiférer en permanence sur la question migratoire et la question de l’asile. »
« On n’évalue jamais les effets de la loi précédente et tout pouvoir qui arrive en place veut montrer à l’opinion publique qu’il maitrise le sujet et fait une loi. »
« La loi asile et immigration ne répond à aucun des défis qui se pose à nous : le défi du premier accueil et le défi de solidarité au niveau européen. »

 

 Sur le discours de l’invasion
« Il n’y a évidemment pas d’invasion. »
« La France est le deuxième ou le troisième pays en nombre absolu d’accueils de demandeurs d’asile, de réception de demandes d’asile. »
« Relativement à la population française, nous sommes en dix-septième position au sein de l’Union européenne. »
« Sur les demandeurs d’asile, environ 40% obtiennent le statut de réfugié statutaire et restent sur notre territoire. »
« La demande d’asile baisse dans tous les pays européens et a tendance à augmenter [en France]. »

 

 Sur les centres d’accueil
« 70% des demandeurs d’asile doivent être hébergés et nous sommes entre 50% et 60% aujourd’hui. »
« On a 80.000 places sur l’ensemble du territoire. »
« La région parisienne est sous équipée. »
« Il y a toujours eu une idée dans la haute fonction publique qui est de desserrer la contrainte sur l’Ile-de-France en envoyant les demandeurs d’asile dans les territoires. C’est une vision inappropriée parce que si la demande d’asile se concentre en Ile-de-France, c’est parce que les infrastructures ramènent sur Paris et que c’est aussi la région la plus riche de France. »

 

 Sur l’exil climatique
« Attention de ne pas être dans le catastrophisme avec des chiffres qui nous énoncent des migrations climatiques extrêmement importantes. »
« Les réfugiés climatiques, pour l’instant, je ne les ai pas vus. »
« Quand il y a une catastrophe, on migre soit à l’intérieur de son propre pays, soit à proximité de son pays et ça va plutôt vers le sud. »
« Il y a une représentation fausse de la migration (…). La migration, c’est 3% de la population mondiale. »
« Je ne suis pas un climatosceptique mais je dis simplement qu’il faut partager le savoir sur cette question. »

 

 Sur la solidarité
« Non, je ne dirais pas que la solidarité recule mais qu’il y a des combats politiques à mener. »
« Monsieur Salvini a gagné un combat politique : il a réussi à éloigner les bateaux de secours de la zone concernée en Méditerranée. »
« Il n’y a plus de bateau en Méditerranée pour sauver des vies. »
« Que chacun le sache bien, les départs continuent simplement, on se noie en silence. Et ce silence est absolument coupable. »
« Il y a un combat politique dans lequel nous sommes collectivement, les humanistes, sur le reculoir. Parce que peut-être nous ne savons pas faire les compromis nécessaires entre nous pour réussir à tracer des lignes rouges infranchissables. »

 

 Sur les tests osseux et le fichier national de recensement
« Pour mémoire, en 2014, il y avait 4.000 mineurs isolés étrangers sur le territoire national pris en charge par les départements. Aujourd’hui, il y en a 25.000 et ça revient à la charge des départements. »
« Les départements sont coincés entre des dépenses entre les personnes âgées, la petite enfance ou la précarité et ils ont tendance à faire, pour certains, une variable d’ajustement de l’accueil des mineurs. »
« Il fait trouver une réponse appropriée à l’échelle national et européen en se disant que la minorité n’est pas le tout de la décision mais que ces jeunes gens sont souvent et surtout dans des situations de vulnérabilité et c’est à cette vulnérabilité qu’il faut répondre. »

 

 Sur Emmanuel Macron et l’immigration
« La question de l’immigration et de l’identité n’a rien à faire dans le débat sur la démocratie sociale et la démocratie représentative. »
« Nous avons à réfléchir non seulement aux conditions d’accueil mais aussi à la manière dont on travaille avec la population d’accueil. »
« Je suis de ceux qui pensent que toute commune de moins de 10000 habitants qui accueille une structure pour demandeurs d’asile ou réfugiés, devrait se voir attribuer des services à la population d’accueil supplémentaires. »
« Il faut lutter contre la concurrence des pauvretés qui est une réalité sur les territoires. »
« Nous devons cesser de réfléchir l’accueil des populations migrantes en silo. »

 

Regards, Entretien par Pierre Jacquemain, le 18 décembre 2018