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Paris : Il faut innover pour l’accueil et l’intégration des exilés

Publié le : 07/06/2016

La Croix nouveau

Des acteurs de l’intégration des réfugiés ont souhaité s’exprimer à la suite de la déclaration d’Anne Hidalgo qui souhaite créer un camp pour les réfugiés dans la capitale.

André Dupon, président du Mouves et président du Groupe Vitamine T, Jean Marc Borello, président du Groupe SOS, Alice Barbe, directrice de SINGA, Frédéric Bardeau, président de Simplon.co et Eric Pliez, directeur général de l’association Aurore.

 

Maire paris annonce camp humanitaire

La maire de  Paris Anne Hidalgo, le maire du 18e arrondissement, Eric Lejoindre  et le directeur de  France Terre d'Asile, Pierre Henry à la conférence annonçant la création d’un camp de migrants à Paris. / MATTHIEU ALEXANDRE/AFP

 

Anne Hidalgo a annoncé mardi 31 mai son intention de créer un camp pour les exilés dans la capitale. C’est une étape de plus vers un accueil digne mais, pour reprendre les mots de Pierre Henry, Directeur de France terre d’asile : « Sans un dispositif cohérent au niveau national, l’initiative d’Anne Hidalgo sera vite confrontée à une embolie».

Des migrants attendus en nombre

L’évidence veut en effet que ce phénomène migratoire, loin de se tarir, s’accentue dans les prochaines années avec l’enlisement de certains conflits dans le monde et le réchauffement climatique. Il faut donc des réponses globales : les entrepreneurs sociaux que nous sommes innovent et construisent des solutions durables pour l’accueil et l’intégration des réfugiés. Nous nous investissons notamment autour de deux enjeux essentiels, depuis trop longtemps traités séparément : l’hébergement et l’accompagnement sur le chemin de l’emploi.

Dès le début de la crise, les entreprises sociales ont en effet été capables de se mobiliser massivement pour répondre à l’urgence en trouvant des hébergements disponibles. Le Groupe SOS a ainsi pu identifier 300 places en moins de 72 heures en construisant des solutions alternatives avec des hôtels par exemple.

Mais l’enjeu est de trouver des solutions pérennes pour que ceux qui obtiennent leur droit d’asile puissent s’installer et reconstruire leur vie. C’est pourquoi l’association Aurore a lancé une expérimentation pour leur permettre de s’installer dans des villes où de nombreux emplois sont à pourvoir, comme Nantes ou Aurillac par exemple. Cette initiative fait la preuve que rester une terre d’accueil peut devenir une opportunité si l’arrivée des réfugiés est bien organisée et mieux répartie sur notre territoire.

Les entrepreneurs sociaux prennent des initiatives

Les initiatives sont également nombreuses du côté de l’aide à la formation et à l’accès à l’emploi : Simplon.co propose un projet-pilote de formation au métier de développeur/se Web pour 40 personnes réfugiées ou en demande d’asile. Ajoutant une brique linguistique à sa formation technique, Simplon souhaite répliquer ce type d'expérience dans d'autres fabriques du numérique en France en proposant, dès l'automne, des promotions accueillant des personnes réfugiées et non réfugiées.

Dans la même dynamique, Vitamine T intègre des réfugiés dans leur programme d’insertion professionnel par le recyclage des déchets électroniques. Le programme Start&Code, développé par le Comptoir de l’Innovation en Belgique, aux Pays-Bas et au Luxembourg, renforce l’employabilité de jeunes migrants en développant leurs compétences et en créant des synergies entre eux et un secteur tech en plein essor. Enfin, Singa a développé un programme pour accompagner des réfugiés dans la création de leur propre entreprise  : 50 projets professionnels, entrepreneuriaux, artistiques, civiques ou culturels ont déjà été lancés.

L’État doit permettre l’innovation sociale

Il est désormais du ressort de l’État, des mairies et des collectivités territoriales de favoriser l’émergence et l’essaimage de ces innovations sociales sur l’ensemble du territoire. De même, les entrepreneurs sociaux souhaitent que les demandeurs d’asile puissent avoir le droit de travailler et d’être formés, notamment via nos dispositifs d’insertion professionnelle et de création d’activité. Les dispositifs citoyens comme le service civique pourraient également être rapidement ouverts aux demandeurs d’asile présents sur notre territoire.

Un droit à l’emploi restreint

Car des solutions existent, mais le droit à l’emploi n’est possible que pour les réfugiés statutaires, plongeant tous les autres dans la clandestinité. Nous rencontrons tous les jours des hommes et des femmes dont l’intégration est ralentie parce qu’ils et elles n’ont pas accès au marché de l’emploi. Faire perdurer ces situations, non seulement précaires et fragilisantes pour les exilés mais aussi très onéreuses pour la France, ne peut en aucun cas être une voie à prendre pour notre pays.

Entrepreneurs sociaux, nous proposons de faire prospérer des solutions qui marchent plutôt que la défiance et la peur : les innovations sociales font leur preuve au quotidien, développons-les !

Le 07/06/2016, La Croix