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Itinéraires

Abdoulaye, un rêve dans la tête

Abdoulaye Touré
- Pays d'origine: Guinée-Conakry
- Né le 10 décembre 1995
- Arrivé en France à 16 ans en 2011
- Pris en charge par un dispositif de France terre d’asile en 2011
- Âge actuel: 21 ans
Bienvenue à Disneyland. Abdoulaye connait les lieux comme sa poche, et pour cause. Il a travaillé dans tous les hôtels et une bonne partie des restaurants du fameux parc d’attractions. Aujourd’hui, le jeune homme est employé en CDD au Café Mickey, en attendant patiemment de décrocher un CDI.

«Disneyland, je ne connaissais pas. Je ne comprenais pas pourquoi les enfants couraient après Mickey. Mais quand je l’ai vu à la télévision, j’ai compris: il est très connu ici!».

La grande désillusion

Abdoulaye vient d’un pays où la souris star est une sombre inconnue. Enfant, il passe le plus clair de son temps sur un terrain de foot. Son rêve? Devenir footballeur. «Quand mon père décède en 2007, tout devient compliqué. On n’a plus suffisamment d’argent pour payer l’école. Un jour, un agent me repère. Il me dit que j’ai un talent qui pourra faire vivre toute ma famille et me parle de l’Europe». Abdoulaye le croit, sa mère aussi. Elle vend ses bijoux pour payer à son fils le précieux billet d’avion qui le conduira vers la fortune. Le mystérieux agent accompagne le jeune prodige jusqu’à Strasbourg avec un faux passeport, puis l’abandonne à la gare.

Abdoulaye finit par rejoindre Paris. Après quelques nuits passées dehors, il entre en contact avec France terre d’asile avant d’être pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance. «Aujourd’hui, je peux dire merci à la France, mais j’ai beaucoup souffert. Quand tu ne connais personne, que tu ne sais pas où aller, où te doucher, c’est très dur. Je n’avais jamais dormi dehors». Une nouvelle vie commence.

Apprendre pour travailler

Abdoulaye ne laisse pas tomber le foot. Il intègre un club à Alfortville et se fait des amis. Mais il doit aussi apprendre le français et trouver une orientation professionnelle. «En 2012, je me blesse aux ligaments: je comprends vite qu’il faut trouver une voie de reconversion pour assurer mes arrières». Une salariée de France terre d’asile l’accompagne dan son parcours. «Madame Monique m’a beaucoup aidé. Au début, je ne voulais pas travailler en cuisine; je préférais la logistique. Mais elle m’a dit que ce serait dur de trouver des patrons, alors que dans l’alimentaire, on embauche toujours».
Abdoulaye passe un CFA en alternance dans la restauration. Une fois son diplôme en poche, il cumule les missions d’intérim. «Plonge, service en salle, nettoyage, cuisine: je peux tout faire. Aujourd’hui je joue toujours au foot, mais pouvoir accomplir son rêve, c’est une question de chance. Tout le monde veut devenir footballeur. J’ai mis ça de côté pour me concentrer sur le travail et permettre à mes sœurs et frères d’aller à l’école».

Une vie à la française

Pendant son temps libre, le jeune cuisinier regarde les films d’Omar Sy, son idole, la série «H» et l’émission «Le Jamel Comedy Club». Dès qu’il le peut, Abdoulaye rend aussi visite à son ami François Kamano, footballeur en Ligue 1 dans l’équipe de Bordeaux. «On vient de la même ville!».
Depuis quelques mois, Abdoulaye est tombé sous le charme d’Amandine, sa voisine de pallier. Elle aussi a travaillé à Disney. La jeune fille veut à présent poursuivre ses études en master. «Je veux trouver quelqu’un qui pense à son avenir, qui veut réussir sa vie. Je parle souvent à ses parents au téléphone, ils habitent à Bordeaux. Un jour, je lui ferai ma demande».
Abdoulaye a des projets plein la tête. Travailler pour acheter une maison, s’investir dans une association afin d’éviter que les jeunes du pays ne vivent pas la même chose que lui. «Je suis Guinéen car je suis né là-bas, mais je me sens aussi Français. Je me suis bien intégré et la Guinée me manque moins, surtout qu’avec les réseaux sociaux, je peux communiquer avec ma famille. J’ai réussi! Je ne regrette pas d’avoir quitté mon pays».