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De la France, il ne connait au départ que la Tour Eiffel et le musée du Louvre. «Quand j’y suis allé pour la première fois, j’ai vraiment été déçu par Mona Lisa. Elle est toute petite!». Ali arrive à Paris en 2010 à l’âge de 16 ans, une carte d’identité en poche. Il n’a aucune idée de ce qui l’attend. L’adolescent fuit son pays, la Birmanie. Il fait partie de la communauté musulmane des Rohingya, victime de persécutions depuis de nombreuses années.
Ali ne parle pas un mot de français. Il s’exprime en bangladais et en anglais. Le jeune homme est pris en charge par France terre d’asile quelques mois après son arrivée à Paris. Reconnu mineur, il intègre une classe d’accueil pour apprendre la langue, en complément des cours de français qu’il suit déjà au sein de l’association. «Au début, ça a été très difficile car le niveau était élevé. Les autres élèves avaient déjà les bases, pas moi. Mais aujourd’hui, je suis content. J’ai progressé plus rapidement. Apprendre une langue, ça n’a pas de limite». À l’époque, le jeune homme lit Molière et Voltaire. «Je ne comprenais pas tout je l’avoue!». Aujourd’hui, il leur préfère les informations politiques et sportives.
Ali s’oriente vers l’électricité un peu par hasard. N’ayant pas encore de titre de séjour, une formation en alternance semble pour l’instant inenvisageable. Il passe donc un Bac Pro en électrotechnique. Premier de la classe, Ali est doué en maths, si bien qu’il aide ses camarades. «Je me suis fait rapidement des amis. J’ai la chance de m’adapter facilement». Comme les autres élèves, il effectue plusieurs stages en entreprise. Un avant-goût de sa future vie professionnelle. «J’ai compris une chose: plus on en fait, plus les patrons sont contents. Je ne travaillais pas comme un stagiaire mais comme un employé».
Lors d’une visite dans les locaux d’ERDF, le lycéen profite de l’occasion pour déposer son CV en main propre, après avoir déjà postulé sur Internet et par voie postale. Ali veut mettre toutes les chances de son côté. Il a une idée derrière la tête: s’inscrire à un BTS Électricité. C’est désormais possible, le jeune homme vient d’obtenir son statut de réfugié. «Quand ma demande a été acceptée, ça a été un soulagement. Je pouvais enfin faire une formation en alternance et obtenir une autorisation de travail».
Le bac en poche, Ali poursuit donc sa scolarité et décroche un contrat au service d’exploitation des eaux d’ERDF. «Mon tuteur, Alexis, m’a beaucoup aidé pour apprendre le vocabulaire technique et rédiger des rapports». Il prend fin deux ans plus tard, le 31 août 2016. «Le lendemain, je suis directement embauché en CDI comme agent de maîtrise et technicien d’exploitation. Encore un soulagement!».
Ali ne pense plus au passé et regarde l’avenir. Son ambition? Reprendre ses études d’ici quelques années pour devenir ingénieur, un rêve d’enfant.
Le jeune réfugié a déjà fait une demande pour acquérir la nationalité française en 2015; elle lui a été refusée. Aujourd’hui, avec une situation professionnelle stabilisée, il souhaite retenter sa chance. «Je veux pouvoir aller voter. C’est important de participer à la vie publique. Je crois à la liberté, à la fraternité, mais l’égalité sociale n’existe pas ici. À Paris, on voit des gens dormir dans le métro. On n’attend pas ça d’un pays comme la France».
Ali prête volontiers main-forte aux nouveaux venus de Birmanie ou du Bangladesh dans leurs démarches. Ils ne parlent pas français, comme lui il y a sept ans. «Maintenant je connais l’administration par cœur, je sais que c’est long et compliqué…mais ça marche comme ça en France! On m’a aidé. C’est normal d’aider les autres en retour».