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Alors que les réfugiés maliens affluent, le Burkina Faso s’organise

Publié le : 10/12/2012

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Au nord du Burkina Faso, à 17 km de Dori, après la traversée de chemins escarpés sous la chaleur du Sahel, quelques tentes apparaissent, avant de découvrir un îlot de vie : le camp de Goudébou. 2 172 réfugiés maliens vivent dans cette étendue de sable parsemée d’arbres chétifs.

D’un bout à l’autre de Goudébou, les ouvriers s’activent sur les chantiers pour préparer le camp au défi d’accueillir jusqu’à 20 000 réfugiés. Une mission périlleuse selon le colonel major Boureima Yiougo, gouverneur du Sahel : « Il faudra une coordination importante. Nous attendons des instructions au niveau national. Ce camp pourrait tout de même devenir la ville la plus importante du Sahel ». Actuellement, ils sont un peu moins de 40 000 Maliens à avoir trouvé refuge au Burkina Faso. Quatorze camps se sont montés dans le pays pour assurer un accueil temporaire. Le conflit s’éternisant, l’UNHCR (ndrl : Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés) s’organise. Les camps situés à proximité de la frontière malienne, tel Férério ou Déou, vont être démantelés, pour une raison de sécurité mais aussi pour laisser le champ libre à l’armée.

Marie-Louise Kabré, responsable d’UNHCR à Dori, détaille la situation : « Goudébou va devenir le camp phare. 126 hectares ont été libérés par le gouvernement burkinabé et nous allons tout regrouper ici. S’ils sont 2 176 aujourd’hui, ils seront 10 000 réfugiés en janvier et 20 000 à la fin du printemps ». Et, le camp se bâtit dans le souci du long terme : « On ne voit pas le bout du conflit. Nous sommes dans la perspective du durable » confie Marie-Louise Kabré. L’école en est un parfait exemple : « Elle a déjà connu un chamboulement important en passant de 22 à 544 élèves. Mais cette fois, c’est une véritable révolution qui l’attend avec un passage de 3 à 24 classes ». Et les premières pierres sont déjà posées.

Tout semble mis en place pour assurer un minimum de confort aux réfugiés, en majorité touaregs. Fatimata, était commerçante à Gao. Elle parle bien le français, ce qui l’a propulsé porte-parole du camp, un titre qui lui paraît bien dérisoire : « Je ne connais pas cette vie, cette pauvreté. Je suis dépendante et ça ne m’était jamais arrivé. Si je pense à ma maison… c’est très dur. J’étais venue pour quelques mois et j’ai peur que ça dure des années. Il faut une intervention. Il faut éviter que le conflit ne s’étende ». De l’autre côté du camp, Mohamed El Madi Agrissa, ancien maire d’une petite commune proche de Tombouctou fait partie des premiers arrivés dans ce camp ouvert le 18 octobre : « Ils font ce qu’ils peuvent pour nous accueillir. Un réfugié n’a pas à exprimer ses besoins. On souhaite juste la paix dans notre pays. Nous voulons retourner vivre au Mali ». Il cherche la bonne tournure de phrase avant de glisser : « On a espoir ».

Le Progrès, le 09/12/2012