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URSS : DISSIDENCE TÉLÉ

Publié le : 04/04/2011

AU REGARD DE LA SITUATION EN SYRIE OÙ L'ÉVENTUALITÉ D'UNE INTERVENTION MILITAIRE EST EN CE MOMENT MÊME DÉBATTUE, IL EST DE BON TON DE RAPPELER UN CERTAIN NOMBRE DE PRÉCÉDENTS HISTORIQUES AU SUJET DE LA MILITARISATION DE L'AIDE HUMANITAIRE.
AUJOURD'HUI, FRANCE TERRE D'ASILE REVIENT SUR UNE SÉRIE D'ARTICLES PUBLIÉE EN 2011 EN PARTENARIAT AVEC LIBÉRATION, SUR 40 ANS DE VIOLATIONS DES DROITS DE L'HOMME DANS LE MONDE. 


 

Exil, camp de concentration, psychiatrique punitive, assignation à résidence et parfois assassinat : la critique du système totalitaire se paye cher au pays de Brejnev et provoque le débat à la télé française.


 

La guerre froide n’était pas la seule affaire de grandes puissances. Elle se livrait en direct chaque vendredi soir autour d’une table basse, sur l’un des plus célèbres plateaux télé français. D’Apostrophes en débats, Bernard Pivot orchestrait en effet la confrontation idéologique par dissidents de pays de l’est interposés. L’affrontement se révélait piquant car, à la place du combat gauche/droite attendu, il revenait à la gauche de se déchirer en plateau. D’un côté, les auteurs rescapés des régimes de l’est avec pour soutien les « nouveaux philosophes » Bernard Henri Levy et André Gluksman. De l’autre, les intellectuels d’une gauche longtemps victime de son aveuglement prosoviétique, refusant, comme Sartre ou certains hiérarques du PC, d’admettre les atrocités du régime totalitaire.

À l’ouest, on connaissait depuis les années soixante, grâce aux textes de Soljenitsyne et d’autres dissidents, la réalité du goulag et du système répressif à l’est. Il fallut pourtant attendre la parution de L’archipel du goulag, 1974, un énorme succès de librairie, pour que le mythe soviétique s’effondre à gauche. La pensée antitotalitaire s’étoffe alors et se diffuse largement, fortifiée par la découverte à la même période d’autres régimes communistes inhumains : le Vietnam et le Cambodge que fuient les « boat people » par milliers, et la Chine de Mao.

Sur les plateaux d’Apostrophes, les dissidents se succèdent et l’on se fâche de moins en moins. On apprend alors tout ou presque du système concentrationnaire soviétique, de l’emprisonnement psychiatrique pour délit d’opinion et des persécutions. On découvre les ruses déployées pour écrire sous surveillance du KGB et réussir à cacher de minuscules feuillets chez des amis, dans la terre d’un jardin. Les astuces pour diffuser clandestinement, souvent par copie carbone, les textes interdits. Et la liste des risques encourus par les auteurs, les éditeurs et leurs proches: relégation, asile, camp, déchéance de nationalité, exil interne ou expulsion. La mort parfois pointe son nez : Soljenitsyne échappe ainsi à l’empoisonnement selon la méthode du « parapluie bulgare » dont la pointe, en se fichant dans les chairs, libère de la ricine. Andreï Sakharov sera lui victime d’un gaz innervant. Mais la paralysie sera temporaire, le temps que le KGB lui dérobe son manuscrit, pour la deuxième fois. À charge pour le physicien de réécrire encore, et pour la troisième fois, les 800 pages de ses mémoires.

Sakharov, ardent défenseur des droits de l’homme s’est éteint en 1989, en pleine perestroïka. Il venait de fonder l’ONG russe Mémorial, pour prévenir le retour du totalitarisme, assister les prisonniers politiques victimes du régime soviétique et faire la lumière sur les exactions passées. Il n’imaginait sans doute pas que vingt ans plus tard, Mémorial et son travail en faveur des droits de l’homme en Tchétchénie, serait récompensé par un prix du parlement européen, le prix« Sakharov pour la liberté de penser ». Il n’imaginait sans doute pas, en disparaissant au moment où la démocratie naissait à l’est, que son combat serait si prospère. D’autres dissidents, contestant d’autres régimes se sont malheureusement fait entendre depuis, mais avec moins d’écho. Il est vrai que Bernard Pivot n’est plus là pour évoquer leurs sorts chaque vendredi à la télé. 

 

Brigitte MARTINEZ
le 10/02/2011

 

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France terre d'asile, en partenariat avec Libération et l'INA, passent à la loupe un demi-siècle d'atteintes aux droits de l'Homme. Retrouvez l'intégralité des articles publiés pour l'occasion ICI

 

Des opposants à la Une de «Libé» : retour sur le totalitarisme soviétique et ses dissidents les plus célèbres.



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"Libération" du 16/03/1996. L'Union des républiques socialistes soviétiques, URSS
(CCCP en russe) a officiellement éclaté en 1991, mais la nostalgie du passé –
territorial – reste au coeur de la campagne électorale russe de 1996.


"Libération" du 15/02/1974. L'écrivain Alexandre Soljenitsyne, qui fera connaître au monde la réalité du système concentrationnaire soviétique est l'un des plus célèbres dissidents. Il passe plusieurs années en camp, écrit en cachette. Son roman phare l'archipel du goulag lui vaudra d'être déchu de sa nationalité, arrêté et expulsé d'URSS en février 1974.

 

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"Libération" du 18/12/1976. Vladimir Boukovsky premier dissident à dénoncer l'utilisation de l'emprisonnement psychiatrique retrouve la liberté en 1976 : Il est échangé contre Luis Corvalan, dirigeant communiste Chilien qui moisissait dans les geôles du dictateur Pinochet. Boukovsky trouve asile à Londres, Corvalan en URSS.

 

"Libération" du 14/07/1978. Le journaliste et éditeur d'écrits clandestins Alexandre Guinzburg et le dissident Viktor Piatkus sont condamnés à plusieurs années de camp de concentration. En 1979, Guinzburg et 4 autres dissidents seront échangés contre deux ressortissants soviétiques arrêtés pour espionnage aux USA.

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"Libération" du 23/01/1980. Andreï Sakharov est un physicien nucléaire choyé par les dirigeants soviétiques avant de devenir un ennemi du régime. Son combat en faveur des droits de l'Homme, sa condamnation de l'entrée des troupes soviétiques en Afghanistan lui valent d'être arrêté et placé en résidence surveillée en 1980.

 

"Libération" du 20/12/1986. Depuis 1985, deux nouveaux termes portés par le nouvel homme fort du régime, Mikhaïl Gorbatchev, résonnent en URSS et dans le monde entier : les mots «perestroïka » et «glasnost ». Ce changement d'atmosphère profite à Andreï Sakharov : il est libéré après 6 ans d'assignation à résidence.

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"Libération" du 28/05/1987. Le Docteur Jivago, blockbuster hollywoodien des années soixante, est l'adaptation du roman éponyme de Boris Pasternak. Bestseller en Europe, le texte est interdit en URSS. L'auteur devra, sous la pression du pouvoir, refuser son prix Nobel de littérature. Il faudra attendre l'ère Gorbatchev pour que le Docteur Jivago paraisse en URSS et que Pasternak soit réhabilité. 27 ans après sa mort.

Libération" du 05/08/2008. Alexandre Soljenitsyne meurt en été, dans sa datcha des environs de Moscou. Après 30 ans d'exil et des années de goulag, il meurt en homme libre.