fbpx
Main menu

Article issu de la Lettre de l'asile et de l'intégration n°95 - Le parcours des combattantes

 

La prise en charge des femmes isolées demandeuses d'asile : quels besoins pour quelles réalités ?

 

Si la multiplication des politiques publiques en faveur des demandeurs d’asile et réfugiés considérés comme vulnérables témoigne d’une considération croissante pour ce public par le gouvernement, certaines lacunes persistent, tout particulièrement concernant les femmes isolées.

 

Image

© UNHCR/ Corentin Fohlen

Les femmes exilées, souvent considérées comme un public vulnérable, ne le sont en réalité que du fait de leur situation, la vulnérabilité n’étant pas intrinsèque à une personne1. Le fait d’être une femme ne constitue pas en soi une vulnérabilité, mais les conditions de parcours migratoires les rendent plus vulnérables que les hommes. Le sans-abrisme, l’âge, les violences basées sur le genre, la durée du parcours migratoire ou l’isolement sont autant de facteurs de vulnérabilité à prendre en compte lors de leur accompagnement.

 

S’il existe des structures destinées à accueillir et accompagner des hommes isolés, des familles ou des mineurs isolés étrangers, les femmes isolées non victimes de violences, non enceintes ou en proie à des addictions, elles, ne disposent pas ou peu de lieux d’accueil et d’hébergement spécialisés. Il existe ainsi un manque criant d’infrastructures et de formation des travailleurs sociaux sur ce public. Bloquées dans l’accès à différents dispositifs, les femmes isolées doivent s’en remettre au « 115 » du Samusocial, dans l’espoir qu’une place d’hébergement d’urgence en hôtel leur soit proposée. Or, cette absence de structure adaptée, conduisant certaines femmes à dormir à la rue ou chez des tiers, peut être à la source d’exploitation, de traumatismes et violences futures, les rendant davantage vulnérables, avec un impact non négligeable sur leur santé physique et mentale2.


Par ailleurs, cette situation d’isolement expose certaines d’entre elles à des réseaux de traite. « Ces femmes souffrent d’emprise ou de peur de représailles, elles ne verbalisent pas ou que partiellement leur situation et refusent de porter plainte contre leurs trafiquants. Il s’agit de difficultés psychologiques et sociales complexes et spécifiques, qu’elles sont rarement pagnées à dépasser et qui les empêchent d’être visibles ou comprises par les travailleurs sociaux ou les forces de l’ordre », explique Valérie Simoni, directrice de la Mission d’intervention et de sensibilisation contre la traite des êtres humains (Mist)3. Face à ce constat, plusieurs organismes tels que l’Amicale du Nid ou Ac.Sé se sont spécialisés dans leur prise en charge. France terre d’asile a également pris part, ces dernières années, à trois projets européens – Safe Women in Migration (SWIM), Sustainable integration of Trafficked human beings through proactive identification and Enhanced Protection (STEP) et Network for the Empower-ment, the social and labour inclusion of Trafficked children and young adults (N.E.x.T TO YOU) – visant à lutter contre les violences faites aux femmes migrantes et contre la traite des êtres humains, à travers des actions d’identification, de formation des professionnels et de sensibilisation du public sur ces enjeux4.


La création de nouvelles structures dédiées aux femmes exilées isolées, en articulation avec les initiatives déjà existantes, leur permettraient d’échapper à l’isolement et à la vulnérabilité et encouragerait la création de liens sociaux et d’espaces d’entraide et d’écoute. Cela donnerait à ces femmes la possibilité d’être actrices de leur intégration, et que leurs projets et initiatives soient écoutés et promus dans l’objectif d’assurer une meilleure adéquation entre besoins réels et solutions potentielles, tout au long de leur parcours.

Pour consulter l'intégralité de la Lettre de l'asile et de l'intégration n°95 - Le parcours des combattantes, cliquez ici.
 

 

1 - BORDIEZ-DOLINO, A. « Le concept de vulnérabilité », La vie des idées, 11 février 2016.
2 - FRANCE TERRE D’ASILE, Les violences à l’égard des femmes demandeuses d’asile et réfugiées en France, 2018.
3 - Entretien réalisé le 24/06/2021.
4 - FRANCE TERRE D’ASILE, projets SWIM, STEP et N.E.X.T TO YOU.