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Article issu de la Lettre de l'asile et de l'intégration n°95 - Le parcours des combattantes

 

L’intégration professionnelle des femmes bénéficiaires d’une protection internationale

 

Les femmes bénéficiaires d’une protection internationale, sous-représentées sur le marché du travail en France1, doivent surmonter de multiples obstacles pour accéder à l’emploi. Pourquoi rencontrent-elles plus de difficultés dans leur parcours professionnel que d’autres personnes exilées ? Quels sont donc ces freins à l’emploi ?

 

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© UNHCR/ Stefanie J. Steindl

Elles sont auxiliaires de vie, agentes d’entretien, nourrices, généralement surreprésentées dans les métiers dits du care et dans les contrats à temps partiel, et ce, davantage que les femmes nées en France, et que celles nées à l’étranger n’étant pas réfugiées2. Avant tout, elles sont femmes dans une société où les discriminations professionnelles basées sur le genre persistent. Issues d’une migration forcée, la nature des violences qu’elles ont pu subir dans leur pays d’origine et celles vécues tout au long de leur parcours migratoire sont susceptibles de les rendre plus vulnérables que d’autres femmes migrantes, constituant ainsi un « triple désavantage »3 à leur intégration professionnelle. De plus, leur sous-représentation dans le monde du travail, tendance constatée dans plusieurs pays d’accueil européens, est intrinsèquement liée au manque de politiques publiques ciblées4. En s’ajoutant aux différents enjeux déjà existants dans le monde du travail, ces éléments créent des obstacles rendant d’autant plus difficile l’accès à l’emploi.


L’un des défis les plus importants est la maîtrise de la langue du pays d’accueil. Dans les premières années suivant leur arrivée, les femmes bénéficiaires d’une protection internationale (BPI) ont généralement une connaissance de la langue inférieure à celui des hommes réfugiés. Ainsi, celles avec un niveau intermédiaire ou avancé ont 40 % de chance en plus d’avoir un emploi que celles avec un niveau faible5. Ces divergences dans l’acquisition de compétences linguistiques sont dues à plusieurs facteurs, notamment le manque de flexibilité horaire des formations de français, prescrites dans le cadre de la signature du contrat d’intégration républicaine (CIR). Ces freins organisationnels, avec des horaires inadaptés aux obligations familiales, peuvent empêcher les femmes BPI d’assister assidûment aux cours.

 

Par ailleurs, les femmes BPI isolées, souvent invisibilisées dans le débat public, rencontrent des difficultés particulières. En effet, les traumatismes issus des persécutions liées au genre, dont elles peuvent faire l’objet, nécessitent la mise en place d’un accompagnement ajusté, pour garantir leur intégration sur le marché de l’emploi et plus généralement dans la société d’accueil. En outre, comme le recommande Nadiya Ukrayinchuk, enseignante chercheuse spécialiste des questions migratoires, il est important que leur parcours d’insertion professionnelle commence le plus rapidement possible après l’obtention d’une protection, et ce afin de limiter les risques d’isolement et d’exclusion sociale6.

 

En réponse à ce constat, plusieurs initiatives institutionnelles et associatives sont en  train de voir le jour. L’enjeu de l’accès au marché du travail pour les femmes réfugiées est en ce sens reconnu comme une priorité de la stratégie portée par le ministère de l’Intérieur depuis 2018, réaffirmée en 2021 par le gouvernement7. À cela s’ajoutent des projets de la société civile ciblant de manière innovante l’insertion professionnelle des femmes BPI qui doit être encouragée et essaimée.

Pour consulter l'intégralité de la Lettre de l'asile et de l'intégration n°95 - Le parcours des combattantes, cliquez ici.
 

 

1 - En 2010, selon l’enquête Elipa, 39 % des réfugiés sont en emploi, soit 53 % des hommes et seulement 19 % des femmes.
2 - OECD, « How to strengthen the integration of migrant women? », Migration Policy Debates, n°25, novembre 2020.
3 - LIEBIG, T. et TRONSTAD, K. « Triple Disadvantage? : A first overview of the integration of refugee women », Documents de travail de l’OCDE sur les questions sociales, l’emploi et les migrations, n° 216, Éditions OCDE, Paris, 2018.
4 - Groupe de travail sur l’intégration professionnelle des femmes bénéficiaires d’une protection internationale organisé dans le cadre du projet NIEM, le 3 juin 2021.
5 - Ibid.
6 - UKRAYINCHUK, N. et HAVRYLCHYK, O. « The Impact of Limbo on the Socio-Economic Integration of Refugees in France », CESifo DICE Report, Vol.15(3), 2017.
7 - Circulaire INTV2101619J du 17 février 2021 relative aux priorités 2021 de la politique d’intégration des étrangers primo-arrivants et des bénéficiaires de la protection internationale