fbpx
Main menu

Article issu de la Lettre de l'asile et de l'intégration n°95 - Le parcours des combattantes

 

Santé sexuelle et menstruelle :
obstacles et initiatives dans le parcours santé

des femmes exilées

 

L’intégration des femmes exilées en France est un chemin semé d’embûches, et leur parcours sanitaire n’y fait pas défaut. Le manque de suivi obstétrique et gynécologique ainsi que la précarité menstruelle auxquels elles font face en sont les illustrations. Aujourd’hui en France, de nombreuses initiatives sont mises en place pour tenter d’y remédier

 

Image

© UNHCR / Mark Henley

Malgré le Plan « Vulnérabilité » présenté par le gouvernement au mois de mai1, le parcours sanitaire des femmes exilées en France demeure complexe. La crise sanitaire n’a rien arrangé, de même que certaines lignes politiques, à l’instar du décret du 30 décembre 2019 qui impose un délai de carence de trois mois aux demandeurs d’asile pour prétendre à la Protection universelle maladie. Ainsi, de nombreux obstacles dans le parcours des femmes migrantes persistent, comme l’a montré une étude du Centre de recherche de l’institut de démographie de Paris2. Entre une faible connaissance du système de soins ou l’absence de solutions pour les gardes d’enfants, la plupart cumulent plusieurs barrières à l’accès à un suivi médical régulier, et beaucoup disent avoir, par dépit, déjà renoncé à des soins médicaux. Cette même étude a ainsi relevé de vastes besoins en matière de santé sexuelle ou reproductive liés aux nombreux cas de violences sexuelles, à l’exposition aux risques de grossesses non désirées, auxquels s’ajoute l’absence de moyen de contraception. La difficulté pour mettre en place un suivi gynécologique et obstétrique est réelle, tout particulièrement chez les femmes vivant à la rue, pour qui l’absence de frottis cervical régulier est fréquent.


C’est dans cet objectif de « favoriser l’accroche des femmes migrantes à un parcours de santé » que le programme « Access » du Centre régional d’information et de prévention du sida et pour la santé de Paris (CRIPS) a été mis en place3. L’organisme a pour cible les femmes migrantes en situation de vulnérabilité afin de les orienter vers des professionnels, ou vers leurs ateliers d’échange sur la santé quotidienne ou sexuelle. « Agir pour la Santé des Femmes » (ADSF), est une autre association très présente sur le terrain, par le biais de maraudes en binômes sages-femmes et psychologues. L’entrée dans un parcours santé durable passe aussi par la guérison des souffrances post-traumatiques causées par leurs expériences de vie, raison pour laquelle ADSF a mis en place des groupes de parole qui abordent des sujets tels que la vie à la rue ou la parentalité.


La précarité impacte également fortement l’hygiène menstruelle des femmes. Selon l’association « Règles élémentaires », partenaire de France terre d’asile, 2 millions de femmes en France n’ont pas les moyens de s’acheter des produits d’hygiène intime. L’association effectue des distributions de produits hygiéniques, mais réalise aussi des ateliers auprès de leurs bénéficiaires sur les solutions lavables et réutilisables4. Les femmes migrantes souffrent également du manque d’information, de la désinformation entre pairs ou encore d’un rejet fréquent du tampon, produit majoritairement distribué. Pour le volet sensibilisation, le CRIPS a mis en place des ateliers de couture « Menstru’elles » pour que les femmes fabriquent leurs propres serviettes hygiéniques. Ces ateliers permettent ainsi la discussion autour des thématiques de santé sexuelle et d’hygiène menstruelle, mais également le développement de l’estime de soi et l’insertion dans un groupe de pairs.

 

La pluralité de ces initiatives associatives appelle à nous interroger sur la manière dont peuvent se coordonner ces actions au niveau local afin de mutualiser les bonnes pratiques, et, de manière plus générale, sur les solutions qui pourraient être mises en œuvre pour faciliter l’accès et le choix des protections périodiques dans l’espace public, tout particulièrement aux femmes les plus précaires qui ne disposent pas d’un accès fréquent à l’eau potable.

Pour consulter l'intégralité de la Lettre de l'asile et de l'intégration n°95 - Le parcours des combattantes, cliquez ici.
 

 

1 - Ministère de l’Intérieur, 10 actions pour renforcer la prise en charge des demandeurs d’asile et des réfugiés vulnérables, 28 mai 2021.
2 - CRIDUP, « Droits, santé et accès aux soins des femmes hébergées, immigrées et réfugiées », 2018.
3 - Entretien avec Sophie Rigot, sage-femme au CRIPS de Paris, juin 2021.
4 - Règles élémentaires, Missions et chiffres clés.