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Violences faites aux femmes : les femmes migrantes et réfugiées plus vulnérables

Publié le : 26/12/2018

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Hélène SOUPIOS-DAVID : « (…) Certaines catégories de femmes sont plus vulnérables face à ces violences, notamment les femmes migrantes et réfugiées. »

 

Hélène Soupios-David, engagée pour les droits des migrant.e.s et réfugié.e.s est chargée des questions européennes et des études pour France terre d'asile. Elle a notamment dirigé une étude menée sur les violences à l'égard des femmes demandeuses d'asile et réfugiées en France en avril 2018 pour France terre d'asile. 

 

France terre d’asile vient de sortir une étude en avril 2018 sur les violences à l’égard des femmes demandeuses d’asile et réfugiées en France. Quelle est la spécificité de ces violences ? Quels sont les facteurs aggravant le risque de violences ?

Nous savons que les violences faites aux femmes sont présentes dans toutes les sociétés et que toute femme ou fille peut y être exposée. Mais certaines catégories de femmes sont plus vulnérables face à ces violences, notamment les femmes migrantes et réfugiées.

Les types de violences subis par les femmes demandeuses d’asile et réfugiées peuvent être similaires à celles subies par d’autres catégories de femmes, comme les violences physiques ou sexuelles, ou plus liées à leur statut ou leurs origines, comme l’exploitation économique ou les agressions racistes.

Ce que l’étude a permis de mettre en valeur, c’est l’existence de facteurs de risques spécifiques à cette population, le principal étant le manque d’hébergements ou les hébergements inadéquats. Toutes les femmes rencontrées en Ile-de-France pour cette étude ont passé des périodes plus ou moins longues à la rue, et dans les hébergements, notamment d’urgence, les espaces de vie commune ne sont pas toujours sûrs. Dans la rue, outre le risque élevé d’agressions sexuelles, on retrouve le phénomène de sexe « transactionnel », contre un hébergement, de la nourriture ou une « protection ». Les autres facteurs sont la perte de repères (qui peut favoriser les violences conjugales et limite les dépôts de plainte), l’insuffisante prise en compte des besoins spécifiques des femmes dans les politiques d’asile, la précarité économique, le risque de « revictimisation » pendant la procédure d’asile et les circonstances particulières, comme l’orientation sexuelle, la santé ou le fait d’être une mère isolée.

 

Comment France terre d’asile intègre la dimension des violences dans son soutien/accompagnement des femmes demandeuses d’asile et réfugiées en France ?

Depuis de nombreuses années, nous portons une attention particulière aux violences subies dans le pays d’origine et qui peuvent être à l’origine de la demande d’asile. La question des violences conjugales ou de la traite reviennent également régulièrement dans nos centres d’accueil et dispositifs. L’objectif de cette étude était d’obtenir une meilleure connaissance du phénomène, au-delà des constats empiriques afin, notamment, d’améliorer nos pratiques et renforcer nos collaborations. Nous travaillons actuellement, grâce à un projet européen (Safe Women in Migration) sur la formation de nos travailleurs sociaux. Nous soutenons également la mise en place de Centres d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada) dédiés aux victimes de violence, permettant une prise en charge spécifique. Et nous nous engageons également sur l’empowerment des femmes, qu’elles soient victimes de violences ou non.

 

Comment faire en sorte que les pouvoirs publics (qu’il s’agisse des politiques d’asile et/ou des politiques de prévention des violences) se saisissent de cette problématique ?

La prise de conscience collective sur les violences faites aux femmes, suite au mouvement #metoo, a permis de donner de la visibilité, y compris aux violences subies par les femmes demandeuses d’asile et réfugiés. Ce qu’il faut, c’est continuer de sensibiliser sur le sujet pour que la problématique de genre soit mieux intégrée aux politiques d’asile et que les besoins spécifiques des femmes migrantes soient pris en compte dans les plans de prévention et de prise en charge des violences envers les femmes. On peut déjà se féliciter que la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF) et le Haut Conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes (HCE) se soient saisis de ces questions. En effet, il est crucial que les différents acteurs concernés, dans les différents secteurs, échangent et construisent ensemble des solutions.

 

ONU FEMMES par Léa Guichard et Valerie Camargo Gomez, le 19 décembre 2018