En 2025, dans un contexte de durcissement des politiques migratoires en France et en Europe et d’exacerbation des discours politiques de rejet, France terre d’asile a poursuivi ses missions, accompagnant au quotidien les personnes exilées pour garantir un accueil digne.
Nous avons continué à défendre leurs droits, à faire entendre leurs voix et à porter une vision réaliste, apaisée et solidaire des migrations.
Alors que 2026 s’annonce cruciale pour les droits des personnes étrangères et le secteur de la solidarité avec les élections municipales et la mise en œuvre du Pacte européen sur la migration et l’asile, nous resterons pleinement mobilisé·es.
Ensemble pour l’accueil et la solidarité !
Défendre le droit d’asile et des conditions d’accueil digne en France et en Europe
L’année 2025 a été marquée par des décisions politiques néfastes pour les personnes exilées. Aux côtés de nos partenaires, nous avons poursuivi notre travail de plaidoyer pour défendre leurs droits et proposer des politiques d’accueil plus justes,, notamment en matière d’hébergement et de protection de l’enfance
Pour des politiques migratoires protectrices et inclusives

Manifestation © France terre d'asile
À la suite de l’annonce de la suppression de 6 500 places d’hébergement pour les personnes en demande d’asile dans le cadre du projet de loi de finances 2025, nous avons alerté sur les conséquences dramatiques de cette mesure à travers une tribune et un courrier adressé aux parlementaires.
Dans un contexte d’aggravation de la crise du mal-logement en France, qui touche particulièrement les personnes exilées et les enfants, nous avons, en février, attaqué l’État en justice pour « non-assistance à personnes mal-logées ».
Nous avons également soutenu une proposition de loi visant à supprimer le délai d’attente de 6 mois imposé aux demandeur·euses d’asile avant l'accès à l'emploi — un frein majeur à l’intégration, qui contraint les personnes concernées à dépendre d’une allocation insuffisante pour vivre dignement.
En mars, face aux dysfonctionnements répétés de l’Administration numérique des étrangers (ANEF) qui entravent l’accès des personnes étrangères à leurs droits (logement, santé, prestations sociales…), nous avons saisi collectivement le Conseil d’État pour dénoncer la « carence fautive » de l’État et réclamer des corrections immédiates.
Enfin, dans le cadre du projet de loi de finances 2026, nous avons dévoilé un plan d’action chiffré pour une politique migratoire plus humaine et plus efficace, articulé autour de 5 mesures qui permettraient de générer plus de 3 milliards d’euros de gains et d’économies par an pour les finances publiques.
Contre l’utilisation abusive de la rétention
Comme chaque année, France terre d’asile a publié un rapport inter-associatif documentant les atteintes aux droits des personnes retenues en centres de rétention administrative (CRA).
Dans un contexte de durcissement de la politique de rétention, plusieurs initiatives collectives ont été menées. Nous avons alerté sur la proposition de loi visant à évincer les associations intervenant en CRA et avons déposé une contribution commune au Conseil constitutionnel pour dénoncer les risques de la loi adoptée en juillet prévoyant la prolongation de la durée de rétention à 210 jours — une disposition par la suite censurée.

Centre de rétention administrative © DR
Pour garantir la protection des mineure·es non accompagné·es

Portrait d'un jeune accompagné © Alessandro Clemenza
Avec le collectif Cause Majeur!, nous avons soutenu les conclusions d’un rapport parlementaire mettant en lumière les graves défaillances de la protection de l’enfance, en particulier dans la prise en charge des mineur·es non accompagné·es.
France terre d’asile a contribué à un groupe de travail de la CNCDH, qui a abouti à l’adoption d’un avis reconnaissant les manquements de l’État et formulant 70 recommandations visant à renforcer durablement l’accompagnement et la protection de ces jeunes.
Nous avons également soutenu une proposition de loi en faveur de la « présomption de minorité » qui a été adoptée à l’Assemblée nationale, marquant une avancée majeure pour la protection et la prise en charge des jeunes en recours.
Cette année a également été l’occasion de réaffirmer nos positions et nos recommandations pour un accueil digne des mineur·es non accompagné·es.
Notre expertise au service de la protection des droits des personnes exilées
Alors que les femmes exilées en situation de précarité sont davantage exposées à des risques de violences, France terre d’asile a réalisé une étude « La nuit si tu es seule, tu te caches mieux », pour rendre visibles les réalités des femmes exilées isolées à Paris et proposer des pistes concrètes pour améliorer les pratiques d’accompagnement. Nous avons également publié avec d’autres associations un livre blanc pour lutter contre les violences que vivent les femmes exilées.
Nous avons contribué à la réalisation d’une enquête pointant du doigt l’insécurité alimentaire dans les hébergements d’urgence pour demande d’asile (Huda).
Avec le corps médical de l’AMNA à Paris, nous avons également réalisé une étude révélant les problématiques de santé touchant les jeunes primo-arrivant·es, assertie de recommandations pour améliorer leur prise en charge.
Enfin, tout au long de l’année, France terre d’asile produit des ressources qui décryptent l’actualité nationale, européenne et juridique à travers ses publications Vues d’Europe, la Lettre de l’asile et de l’intégration et la Veille sociale et juridique, et dispense de nombreuses formations à destination des professionnel·les grâce à son centre de formation.
Défendre les droits fondamentaux des personnes migrantes à l’échelle européenne
À la suite de l’adoption du Pacte européen sur la migration et l’asile, nous avons organisé un webinaire afin d’analyser les évolutions juridiques qu’il introduit et les conséquences sur les conditions d’accueil et les libertés des personnes exilées.
Alors que l’ensemble des dispositions du Pacte doit entrer en application en 2026, nous avons poursuivi notre travail de plaidoyer en adressant au gouvernement français des recommandations thématiques visant à défendre une mise en œuvre nationale respectueuse des droits des personnes étrangères.
En parallèle, nous avons interpellé l’Union européenne et la France pour qu’elles rejettent la proposition de règlement « Retour », un texte aux conséquences néfastes sur les droits des personnes étrangères.

Frontières européennes © DR
Garantir l’accueil et l’intégration des personnes exilées
Nos équipes ont poursuivi leur mission d’accompagnement des personnes migrantes, de l’accueil à l’insertion sociale et professionnelle. À travers l’art-thérapie, la socio-esthétique, le sport ou encore la musique, de nombreux ateliers ont été organisés pour permettre aux personnes accompagnées de se réapproprier leur histoire et d’aborder autrement les difficultés et traumatismes souvent vécus pendant l’exil.
Favoriser l’intégration des personnes réfugiées
France terre d’asile a poursuivi et renforcé ses actions en faveur de l’accompagnement et de l’intégration des personnes bénéficiaires de la protection internationale.
L’année a notamment été marquée par le lancement du programme RELAIS, un dispositif qui permettra d’accompagner plus de 280 personnes vers l’emploi et l’autonomie.
Parallèlement, trois nouveaux programmes AGIR ont été déployés, portant à sept le nombre de départements dans lesquels France terre d’asile pilote désormais ce dispositif.
La semaine de l’intégration a constitué un temps fort favorisant rencontres et échanges entre les personnes accompagnées et les acteur·ices de l’intégration.
Enfin, le programme de parrainage Duos de demain a permis la création de plus de 130 duos, renforçant le lien social et l’inclusion des personnes réfugiées.

Job dating à Rouen © France terre d'asile
Favoriser l’insertion socio-professionnelle et les échanges de bonnes pratiques
À travers son programme AGIR, France terre d’asile a organisé un forum d’accès aux droits visant à renforcer la coopération entre acteur·ices sociaux autour de cinq thématiques clés : l’accompagnement des publics LGBTI+, l’accès au logement, à la formation et aux soins, ainsi que la levée des freins numériques.
Pour renforcer le lien entre les personnes accompagnées et le monde de l’entreprise, l’association a participé au salon de l’emploi de Tent France et de la CCI et a contribué à l’élaboration du Guide Emploi Réfugiés, un outil destiné à soutenir les entreprises dans le recrutement et l’intégration de personnes réfugiées.
France terre d’asile s’est également associée à la Cité internationale des arts pour accompagner les artistes en exil dans leur parcours d’insertion.
L’association a par ailleurs participé à une journée dédiée à l’accueil des publics LGBTI+ dans le secteur social et organise régulièrement des formations afin de favoriser les échanges de bonnes pratiques dans leur accompagnement.
Des activités collectives pour libérer la parole et créer du lien

Exposition « À travers mon regard » © Simon Ungeschiekt
Plusieurs ateliers ont été proposés aux mineur·es non accompagné·es que nous accompagnons. À Boissy, les jeunes ont pris part à un atelier de théâtre-chant, au cours duquel ils et elles ont pu raconter, avec leurs propres mots, leur expérience de l’exil. À Châtillon, ils ont participé à un atelier de photographie participative, leur permettant de se réapproprier leur image, qui a donné lieu à l’exposition « À travers nos regards ».
À Saint-Lô, notre Centre provisoire d’hébergement (CPH) a mis en place des ateliers portant sur la gestion des émotions, mêlant écriture et photographie, qui a abouti à la réalisation d’un livre photo.
À Limoux, des résident·es ont créé un court-métrage d’animation pour raconter leur parcours d’exil. Enfin, dans le cadre de son programme AMAL dédié à l’accompagnement des femmes, France terre d’asile organise des ateliers à destination des femmes exilées afin de briser le silence sur les violences et discriminations dont elles sont souvent victimes.
Faire évoluer les représentations sur les migrations
Dans un contexte où les discours dominants tendent à stigmatiser et à polariser de plus en plus le débat sur les migrations, France terre d’asile a investi divers espaces culturels et médiatiques, en renforçant son travail d’information et de sensibilisation pour porter les voix des personnes concernéeset promouvoir une vision juste et apaisée des migrations.
Raconter l’exil, autrement
Nous avons soutenu plusieurs productions cinématographiques — Save Our Souls, Au pays de nos frères, Veilleurs de nuit,France, une histoire d’amour, Tout va bien — ainsi que des expositions, comme Migrations & Climat au Palais de la Porte Dorée ou encore l’exposition Baadayede Pamela Tulizo en partenariat avec la Cité internationale des arts.
Parmi les temps fort de l’année figure aussi la sortie du livre Réfugiés : ce qu’on ne nous dit pas, de Najat Vallaud-Belkacem, présidente de l’association, et Benjamin Michallet, économiste. Ces initiatives culturelles ont permis de mettre en lumière les parcours des personnes concernées et de promouvoir une vision réaliste et humaine des migrations.
Porter les voix des personnes exilées

Exposition « Résonances », Place de la Concorde © Ophélie Chauvin
Cette année a marqué la première édition de notre festival Exilées à Ground Control. Pendant deux jours, à travers des témoignages, des débats et des performances artistiques, l'événement a permis aux femmes exilées de porter leurs revendications, de partager leurs récits et de réfléchir collectivement à des solutions concrètes pour un accueil digne et solidaire.
Dans le cadre de la biennale Photoclimat, nous avons également réalisé l’exposition Résonances, visant à déconstruire à la déconstruire la barrière symbolique erigée entre les personnes exilées et le reste de la société. Dans le cadre de cette exposition, nous avons organisé une table ronde à l’Académie du Climat pour questionner la représentation des personnes exilées dans l’espace politico-médiatique.
Tout au long de l’année, France terre d'asile a eu à cœur de mettre en avant les témoignages des personnes exilées à travers ses publications, ses réseaux sociaux et dans la presse.
Promouvoir des valeurs de solidarité et d’hospitalité
Nous avons poursuivi nos actions de sensibilisation auprès des jeunes, en intervenant dans les établissements scolaires et en tenant des stands à l’occasion de plusieurs événements étudiants, notamment auprès de l’Université Paris-8 ou encore Dauphine.
Mais aussi lors de festivals comme les Solidays et la Fête de l’Humanité, où elle a tenu un stand pendant trois jours. Au programme, des tables rondes, des ateliers et des jeux d’animation permettant d’échanger avec le public autour des enjeux liés à l’accueil et à l’intégration des personnes exilées.





